Mohammed VI, l’Afrique au cœur
Depuis la récente tournée du Roi Mohammed VI dans les pays de l’Afrique de l’Ouest en Mars dernier qui l’a vu prendre le temps de visiter de nombreux pays et inscrire des actions d’une grande densité symbolique la conviction est grande chez de nombreux observateurs que la diplomatie marocaine consacre son grand retour en terre africaine, son prolongement stratégique et son espace de croissance économique.
Le processus électoral malien qui avait conduit IBK au pouvoir a été l’aboutissement d’une grande tentative militaire du sauvetage de l’Etat malien alors que ce dernier était menacé de tomber sous les coups de boutoir des groupes armés fondamentalistes se réclamant d’Al Qaïda. Ce fut l’intervention militaire française au Mali. Opération largement facilitée sur le plan politique, diplomatique et militaire par le Maroc qui avait perçu dans la déstabilisation de son flanc sud une menace directe de sa profondeur géographique et des intérêts vitaux.
La présence de Mohammed VI à cette cérémonie d’investiture souligne cet attachement à la stabilité, à la prospérité et à la sécurité de cette région. François Hollande avait à plusieurs reprises souligné qu’en temps de paix, le Maroc aura à jouer un rôle crucial dans la pacification et la reconstruction de cette région.
Le second élément qui participe à mettre l’Afrique au cœur des préoccupations marocaines concerne la décision royale de valider les recommandations du Conseil national des droits de l’homme ( CNDH) concernant la nécessité de revoir la politique marocaine d’immigration et aux traitements réservés aux citoyens subsahariens qui, faute d’avoir réussi à traverser la Méditerranée pour atteindre ce qu’ils pensent encore être l’eldorado européen, font le choix de s’installer au Maroc.
Accueil des réfugies politiques, régularisation des situations de nombreux immigrés , une politique d’accueil en harmonie avec les conventions de respect des droits de l’homme…autant d’éléments qui ont forcé l’admiration internationale, des grands pays européens, passant pour l’ONU jusqu’à l’administration de Barack Obama , elle même confrontée à la dure réalité des vagues d’immigrés venant d’Amérique Latine et qui attentent leurs régularisation.
Cette position royale a été saluée par les capitales concernées et le secrétaire général de l’ONU. Elle souligne autant le souci de tolérance et d’accueil qui a toujours été le trait distinctif de la société marocaine, mais aussi cette volonté partagée d’enrichir une relation sud sud qui participe à un développement mutuel et à un décollage économique commun.
Le troisième élément qui souligne cet engagement fort de la diplomatie marocaine dans l’arène africaine a été annoncé dans la lettre royale lue à la conférence des ambassadeurs marocains réunis à Rabat pour tracer les contours de la nouvelle année diplomatique qui attend les chancelleries marocaines. Dans cette lettre , Mohammed VI met en valeur la relation avec l’Afrique :" Fidèle à notre appartenance africaine et ayant en vue les liens spirituels et les intérêts stratégiques de notre pays, Nous nous sommes attaché à consolider nos liens avec les pays subsahariens en les plaçant au cœur de l’agenda diplomatique marocain" et de rappeler l’essence du message et de la posture marocaine sur le sujet :" Nous avons concrétisé cette orientation à travers les visites que Nous avons effectuées, à partir de 2000, dans plusieurs pays africains frères. Nous veillons, à ce titre, à consacrer les valeurs de solidarité et de fraternité et à faire en sorte que notre continent compte sur les ressources propres considérables qu’il recèle".
Ces trois éléments mettent en valeur le grand tournant que la diplomatie marocaine est en train d’opérer. Il se traduit par une retour très actif sur les terres africaines, par un retissage des liens déjà historiques, spirituels et stratégiques qui lient une grande partie de l’Afrique subsaharienne au Royaume du Maroc. L’objectif étant de défendre ses intérêts vitaux surtout quant il s’agit de remobiliser autour de son unité territoriale mais aussi de jouer un rôle plein en entier dans ce continent auquel les spécialistes du monde entier attribuent une large marge de croissance.