Cette profession occupée exclusivement par des hommes portant la jellaba s’ouvre désormais aux Marocaines. « Les femmes vont donner une nouvelle dimension à la profession des adoul. Elles vont à coup sûr apporter une valeur ajoutée. Avec l’entrée des femmes, notre profession est appelée à évoluer », a déclaré à Atlasinfo Abdelghafour Hajji, le président du conseil régional des adoul de Rabat.
En 2010, des Marocaines avaient fait acte de candidature au test d’admission à la profession d’adoul. Elles ont été confrontées au refus catégorique du ministère de la justice. 8 ans plus tard, c’est une révolution de velours qui est donnée à voir. Les femmes peuvent désormais se faire adoul. Au même titre que les hommes.
Un avis émis par le conseil supérieur des Oulémas autorise en effet la femme à exercer la profession d’adoul, conformément aux dispositions de la chariâa relatives au témoignage (chahada) ainsi que les principes du rite malékite. Le ministre de la justice a été chargé par le roi Mohammed VI de prendre les mesures nécessaires « pour réaliser cet objectif ».
« Les femmes adouls exécuteront exactement les mêmes actes que nous effectuons en termes de procuration, de legs, de partage, de vente, d’achat. Les adouls ont une double formation : juridique et charia’a, loi islamique. Que l’on soit homme ou femme, nous avons les mêmes droits et les mêmes devoirs. Nos futures consoeurs auront à exécuter les mêmes missions dont nous nous acquittons que ce soit dans les tribunaux ou les administrations », explique le président du conseil régional des adoul de Rabat.
Reste la question du mariage et du divorce. Une femme adoul pourra-t-elle acter un mariage ou un divorce ? La réponse de M. Hajji est catégorique : une femme adoul doit pouvoir être témoin d’un mariage. « C’est aussi cela l’égalité ! » s’exclame Abdelghafour Hajji tout en précisant qu’il n’a pas encore pris connaissance de l’avis rendu par le conseil supérieur des oulémas.
Face à la féminisation d’une profession qui touche tout à la fois au religieux, au juridique et au social, les résistances sont à craindre ici et là.
« Notre profession se modernise. Une grande partie des adouls est prête à accueillir les femmes dans un métier qui a été pendant des siècles réservé aux seuls hommes. Mais comme partout ailleurs, il y a toujours des mentalités rétives », conclut le président du conseil régional des adouls de Rabat.