Manuel Valls, un rigide autoritaire ?
La violente crise sociale que traverse la France n’est ni nouvelle ni originale. Des contestations de cette ampleur qui ont menacé de bloquer le pays, la mémoire française récente regorge d’exemples tout aussi lourds, avec des négociations ardues et des sorties de crise spectaculaires. Et pourtant, il y a comme un parfum d’originalité dans la gestion politique de cette séquence française. Au coeur de ce dispositif, un homme, Manuel Valls, Premier ministre qui y joue à la fois sa survie et son destin. Il est vrai que la presse a pris un malin plaisir à lui opposer un autre leader devenu une icône reconnaissable à sa célèbre moustache noir corbeau, Philippe Martinez, numéro un de la CGT, mais le locataire de Matignon se retrouve à gérer sur un temps relativement court une stratégie de survie et de rebondissement.
Par Mustapha Tossa
Et la question qui fait scintiller tous les forums aujourd’hui: Manuel Valls peut-il tenir sur sa position de refus de réformer la loi en question ou d’envisager de la retirer ? Les paris sont ouverts et sont autant d’indications qui révèlent l’impatience et la pression. Peut-il encore rester ? Doit-il partir ? finira-t-il le mandat Hollande dont la gouvernance se retrouve sur les rotules à un moment clef où le président sortant s’apprête à redemander la confiance des français ?
Dans ses postures comme dans ses déclarations, Manuel Valls s’est montré intraitable au risque de faire ressortir ce caractère qui le fait tant ressembler à Nicolas Sarkozy, la rigidité à la place de la fermeté, la détermination qui se substitue à l’autoritarisme. La mémoire visuelle française est remplie d’image de coups de sangs éruptifs de ce fils d’immigré espagnol aussi avide d’envolées lyriques que de revers de situation.
Autant sur le débat sur la déchéance de la nationalité, François Hollande était en première ligne et incarnait aussi bien l’esprit de la proposition que la philosophie du retrait qui avait sanctionné une gigantesque levée de boucliers . Sur la loi de travail el Khomri, Manuel est en première ligne et assume presque tout seul l’issue incertaine c’une telle reforme. Le 49/3 auquel il a eu recours pour la faire passer reflète son impuissance à convaincre. Son refus de changer et de céder les fameux articles polémique reflète, selon ses détracteurs, sa rigidité. Sur cette loi, Manuel Valls a tout à perdre. Reculer c’est mourir politiquement. Tenir c’est se calcifier. Manuel Valls réagit sous une double pression. Celle des syndicats, quoi que minoritaires mais de plus en plus intransigeants. Et celle de ses concurrents comme Emmanuel Macron qui guette le faux pas pour rafler la mise. Manuel Valls a autant à craindre du radicalisme opportun d’un Philippe Martinez, patron de la CGT qui profite de ce bras de fer pour tenter de redorer le blason du syndicalisme contestataire français, que des ambitions survoltées d’un Emmanuel Macron dont les dents longues et juvéniles rayent bruyamment en ce moment le parquet politique français. Manuel Valls pourra aussi craindre l’influence croissante d’un autre homme comme Arnaud Montbourg qui aspire à investir sur les frustrations au sein de la gauche pour formuler une alternative destinée à peser sur les enjeux de 2017 et à configurer la vie et les rapports de forces à gauche dans la séquence d’après…
Au coeur du tourbillon Français, un syndicat, la CGT. C’est trois lettres constituent pendant cette grande crise l’esprit du cauchemar et du mauvais rêve qui n’en finit pas pour le gouvernement français. Ainsi les interrogations se multiplient : Que cherche la CGT à travers ce rapport de force, cette stratégie de tension et cette radicalisation croissante ? Un homme semble avoir fait sa religion sur le sujets, c’est Pierre Gattaz.
Pour qualifier les comportements des militants de la CGT, il sort la grosse artillerie et tire au bazooka. "Voyous terroristes", ainsi sont qualifiés ceux qui depuis des semaines battent le pavé français pour protester contre la loi el khomri. Cette sortie du patron des patrons n’est pas de nature à apaiser la situation. Manuel Valls a tenu à exprimer sa condamnation :"J’ai appelé chacun, dans ce moment où il y a des tensions à être au niveau du débat et c’est pour ça que j’ai fermement condamné les propos de Pierre Gattaz" et de rajouter "Je suis très respectueux du patronat, bien évidemment (…) mais tout mot qui tend les rapports entre les organisations dans le débat public, dans le débat social, et entre les personnes n’est pas le bienvenu".
La CGT et son chef Philippe Martinez sont régulièrement accusés par les éditorialistes français de se servir de cette crise pour redorer le blason d’un syndicalisme de le contestation à la Française naturellement en déclin à cause d’une mondialisation mal digérée. Ce combat qui tend à générer des comportement extrêmes est de plus en plus mal accepté par les dirigeants français . C’est d’autant plus grave que par un effet d’optique qu’ils lui reprochent de ne plus être aussi représentatif pour prétendre refléter les angoisses françaises.