La majorité macroniste s’allie à l’extrême droite pour faire passer le projet de loi immigration controversé

Après des semaines de polémique et de désaccords de fond, la nouvelle version du projet de loi immigration controversé, issue de la commission mixte paritaire (CMP), pourra compter sur le vote du l’extrême droite (Rassemblement national) et de la droite (LR).

L’Assemblée nationale et le Sénat doivent se prononcer ce mardi dans la soirée sur le nouveau texte.

Les députés d’extrême droite vont soutenir le texte « tel qu’il ressort de la CMP », a annoncé, mardi, la présidente du groupe RN, Marine Le Pen, saluant « une loi de durcissement des conditions de l’immigration ».

Marine Le Pen, a salué « une victoire idéologique » de son parti, annonçant que les députés de son parti voteraient le texte « puisqu’il est inscrit maintenant dans cette loi la priorité nationale, c’est-à-dire l’avantage donné aux Français par rapport aux étrangers présents sur notre territoire dans l’accès à un certain nombre de prestations sociales ».

Le sénateur PS du Nord Patrick Kanner, qui a fustigé la commission mixte paritaire, a déploré une CMP « absolument inacceptable sur la forme, ça ne s’est jamais vu ». « Le pire c’est quand même le fond (…) C’est M. Macron qui est à la manœuvre », assure Patrick Kanner.

« Ils veulent un texte à tout prix y compris en sacrifiant leurs valeurs. C’est surtout le lâchage du fameux ‘en même temps’. La macronie montre son vrai visage, comme Emmanuel Macron, un membre de la droite libéral, qui est prêt à tous les compromis, pour ne pas dire les compromissions, pour aboutir à une victoire, mais une victoire à la Pyrrhus », dénonce le sénateur PS.

La majorité d’Emmanuel Macron va-t-elle accepter d’avaliser ce compromis, dénoncé comme « un grand moment de déshonneur pour le gouvernement » par le chef des députés socialistes Boris Vallaud ? Le malaise est perceptible dans les rangs de la macronie.

Le président du groupe communiste André Chassaigne a vertement critiqué les concessions faites aux droites: « Vous êtes sur le point de commettre l’irréparable (…) N’ajoutez pas le déshonneur à la compromission », a-t-il lancé à Élisabeth Borne.

« Sortez des slogans, des postures en voulant faire croire, en voulant faire l’amalgame entre notre texte et les positions de l’extrême droite », a répliqué la Première ministre Elisabeth Borne, haussant la voix pour couvrir les protestations de la gauche.

Un texte plus dur

Le durcissement de la nouvelle mouture comprend: Un délai allongé pour toucher les prestations sociales; Les quotas pour l’immigration et le délit de séjour irrégulier rétablis; Le durcissement des conditions de travail pour les étrangers et d’études pour les étudiants ( le titre d’étudiant sera désormais conditionné à une caution et au « caractère sérieux des études »); Une réforme à part de l’aide médicale d’Etat début 2024; La déchéance de nationalité et la fin de l’automaticité du droit du sol; L’interdiction de l’enfermement des mineurs dans des centres de rétention administrative; Des titres de séjour délivrés par le préfets « au cas par cas » pour  les métiers en tension.

Pour s’assurer du soutien des Républicains (LR, le parti de droite classique), dont les positions sur l’immigration se sont rapprochées de celles de l’extrême droite ces dernières années, le gouvernement d’Elisabeth Borne a donc multiplié les concessions, au risque de s’aliéner la frange plus centriste de ses propres parlementaires.

Pour le leader insoumis Jean-Luc Mélenchon, « le nouveau macronisme a pris le train piloté par l’extrême droite ».

« J’espère qu’il y aura dans les rangs de la majorité des femmes et des hommes de courage et de principes pour refuser cette compromission », a réagi Boris Vallaud.

« Personne n’était obligé de se donner comme ça aux Républicains et à l’extrême droite », a-t-il encore fait valoir.

La France compte 5,1 millions d’étrangers en situation régulière, soit 7,6% de la population. Elle accueille plus d’un demi-million de réfugiés. Les autorités estiment qu’il y aurait de 600.000 à 700.000 clandestins.

Selon un récent sondage, deux tiers des Français pensent que l’immigration extra-européenne peut être un danger pour leur pays.

Le patronat français a pourtant appelé à des régularisations, alors que des centaines de milliers de postes sont vacants dans des secteurs tels que l’hôtellerie-restauration, le bâtiment ou encore l’agriculture, faute de main d’oeuvre.

Une cinquantaine d’associations, syndicats et ONG, dont la Ligue des droits de l’Homme, ont dénoncé le texte « le plus régressif depuis au moins 40 ans » en France.

 

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