Guergarate : les leçons d’une crise

La crise de Guerguerate, du nom de cet unique passage terrestre entre le Royaume du Maroc et la Mauritanie, a donné un brusque coup de fouet  à un conflit entre le Maroc et d’Algérie, vieux de quelques décennies et dont la résolution rendait insomniaque les plus aguerris des diplomates onusiens.

Depuis déjà quelques mois, les séparatistes du Polisario pratiquaient la provocation comme un art de vivre au quotidien. Des mercenaires armées s’adonnaient à une démonstration de force en bloquant ce passage vitale pour les relations économiques et terrestres entre Rabat et Nouakchott. Dans leurs calculs, les autorités marocaines ne pouvaient prendre le risque d’intervenir pour libérer ce passage de l’emprise de ces mercenaires sans courir le risque d’être catalogué par la communauté internationale comme la puissance ayant violé le cessez-le-feu, signé sous le parapluie de l’ONU en 1991.

Or, Le Maroc n’a cédé ni au chantage ni à la peur. Bien au contraire, il adopta une approche de clarification diplomatique en évoquant des alertes d’information à tous les centres de décision qui suivent de près cette crise. Il l’accompagna d’une démarche militaire responsable qui libéra le passage en question sans provoquer de victimes. En l’espace de quelques heures, les forces armées royales ont rétabli le trafic civil et commercial vers la Mauritanie voisine.

Et pourtant face à cette situation, le cliquetis des armes et les bruits de bottes ont été entendus dans le grand désert du Sahara.  De cette crise aussi soudaine dans sa manifestation que chronique dans ses raisons d’être, nombreuses sont les leçons à titrer.

Premier constat de cet épisode, le rôle prédominant joué par l’institution militaire algérienne. Il est de notoriété publique que les séparatistes du Polisario, nourris, financés, armés et abrités par l’Algérie depuis des années ne disposent d’aucune liberté d’action et de décision. Ils ne sont en réalité qu’une flèche dans l’arsenal militaire algérien obsédé depuis toujours et de manière pathologique par le Royaume du Maroc.

Faut-il lier les agissements de ces mercenaires à la solde d’Alger à l’impasse politique que vit ce pays et son incapacité à éteindre les flammes de la contestation populaire ?  La haine du Maroc aujourd’hui et les provocations guerrières à son égard servent d’exutoire à des antagonismes algériens devenus suffisamment puissants pour être difficiles à contenir sans risques de fractures internes béantes et mortelles.

Le second constat est que face à cette approche marocaine, un élan de solidarité et de soutiens, notamment arabe et africain, est venu consolider l’incontestable marocanité de son Sahara. Cette donne est tellement impressionnante qu’elle a réussi à mettre d’accord des pays dont l’agenda politique et diplomatique est en totale confrontation. L’exemple du Qatar d’un côté et des Emirats arabes unies et de l’Arabie saoudite de l’autre est venu démontrer que ces pays d’habitude si opposés dans leurs alliances ont réussi l’exploit d’être d’accord dans leur soutien infaillible au Royaume du Maroc dans sa longue lutte pour recouvrer son unité territoriale.

Cette unanimité a eu pour conséquence de souligner l’extrême solitude de l’Algérie et de ses choix militaires et politiques. Ce soutien et cette solitude algérienne pèseront lourd sur les plans politique et psychologique quand viendra le temps pour les Nations-Unies de relancer les négociations pour trouver une issue à ce conflit entre le Maroc et l’Algérie.

Le troisième constat que cette crise a mis en valeur et qui risque d’influencer les choix des uns et des autres, c’est la mise sous lumières dans cette région grise de la présence de groupes armées et de mercenaires qui se déplacent librement. Dans cette région où les groupes terroristes de toutes les tendances font leur loi et constitue un cauchemar sécuritaire pour tous les pays de la région, les séparatistes du Polisario et les mercenaires qui appuient leurs démarches mafieuses agissent selon les mêmes logiques terroristes.

Le territoire algérien qui leur donne l’abri et la logistique se transforme en terroir pour les groupes terroristes qui menacent la sécurité régionale aussi bien pour la région du Sahel déjà explosive que les pays de l’Afrique du Nord et de l’Union européenne.

Cette donne est de nature à précipiter une prise de conscience qu’il faut impérativement trouver vite une solution avant que le terrorisme et l’instabilité régionale ne prennent le dessus.

 

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