Des spécialistes du monde entier se penchent de plus en plus sur l’impact des écrans sur le développement cérébral, physique, linguistique et sensoriel des enfants en bas âge.
Est-il possible de considérer que des enfants captivés par des écrans développent normalement leurs capacités intellectuelles ? Faut-il encourager les enfants à s’immerger dans ces univers numériques sans prendre les mesures nécessaires pour les protéger et les ramener au monde réel ? Voici les explications du pédiatre Ahmed Salmi.
Approché par la MAP, M. Salmi souligne que les cerveaux en pleine croissance des enfants sont particulièrement sensibles et une exposition excessive aux écrans peut compromettre le développement de leurs fonctions cérébrales essentielles, notamment la mémoire, l’attention et le langage.
Bien que la restriction de l’accès des enfants aux écrans puisse être complexe, le Dr. Salmi insiste sur la nécessité de limiter l’utilisation de ces dispositifs, surtout chez les bébés de 0 à 2 ans.
Notant que l’utilisation prolongée d’écrans est souvent liée à un mode de vie sédentaire qui contribue à des problèmes de santé tels que l’obésité infantile, il a relevé qu’une surexposition aux écrans favorise un décalage de phase (coucher et lever plus tardifs) et des difficultés à l’endormissement.
En effet, a-t-il expliqué, l’exposition aux écrans avant le coucher peut perturber le cycle de sommeil en raison de la lumière bleue émise, empêchant la production de mélatonine, l’hormone du sommeil, qui est cruciale pour le développement physique et mental des enfants.
Le pédiatre recommande aux parents de définir des limites strictes, de choisir des contenus adaptés à l’âge et d’encourager des activités alternatives telles que la lecture, les jeux de société et les activités en plein air.
« L’interaction directe avec le monde qui les entoure est essentielle pour le développement global des enfants », a-t-il préconisé.
Au lieu de réduire le temps d’écran, certains experts proposent une démarche plus nuancée axée sur la qualité du contenu. Encourager les enfants à s’engager dans des activités numériques éducatives et créatives peut stimuler leur esprit et développer leurs capacités intellectuelles.
C’est dans ce sens que l’idée de périodes de « détox numérique » a gagné du terrain chez les parents d’enfants en bas âge. Ces moments sans écrans offrent aux enfants l’opportunité de se reconnecter avec la nature, de développer leur créativité et d’améliorer leurs compétences sociales.
Des études indiquent que des pauses numériques régulières améliorent la concentration et la qualité du sommeil et réduisent le stress chez les enfants.
Les parents et les éducateurs sont encouragés à établir des règles claires sur l’utilisation des dispositifs électroniques et à inciter les enfants à adopter un regard critique sur le contenu qu’ils consomment, le but étant de renforcer leur résilience numérique.
Côté pédagogique, certaines écoles se servent d’outils innovants pour gérer l’utilisation des écrans en classe et des tableaux interactifs. Des salles de classe sans écrans ou des périodes dédiées à l’apprentissage sans dispositif électronique visent à équilibrer l’intégration des technologies, tout en préservant les aspects fondamentaux de l’apprentissage.
Conscients de l’impact des écrans sur leurs enfants, des parents tentent tant bien que mal de limiter leur exposition excessive à ces gadgets. D’autres, se sentant dépassés par un quotidien pénible ou une charge familiale difficile à assumer, abandonnent leurs enfants aux écrans.
« Avant, mon fils passait des heures devant la télévision. Il devenait irritable, avait du mal à dormir et montrait une moindre disposition à s’engager dans des activités physiques. Depuis que nous avons réduit son temps d’écran et encouragé des activités plus variées, son comportement a radicalement changé. Il est plus actif, social et dort beaucoup mieux », témoigne Aïcha au sujet de son expérience avec son fils de cinq ans.
Malgré l’omniprésence des écrans dans la vie quotidienne, il est impératif de prendre des mesures pour protéger le bien-être des enfants et de rester attentif aux premiers signes d’alerte afin d’éviter que l’usage excessif des écrans pendant l’enfance ne se transforme en pathologie à l’âge adulte.
Des indicateurs tels que l’isolement, l’appauvrissement des relations sociales, la passivité, le retard de langage, l’irritabilité, l’agressivité, l’anxiété et le désintérêt pour les activités sociales peuvent révéler une pratique excessive nécessitant une vigilance accrue.
Il appartient à chaque parent et éducateur de jouer un rôle actif dans la création d’un environnement équilibré, où le développement harmonieux des enfants reste une exigence incontournable.