Entre ambitions et réalité, où en est l’Union Pour la Méditerranée ?

Le 26 janvier dernier, la nomination du secrétaire général de l’Union Pour la Méditerranée, Ahmad Massadeh, aurait dû être un fait marquant. Mais il n’en fut rien.

Entre ambitions et réalité, où en est l’Union Pour la Méditerranée ?
Rares sont les médias qui ont relaté l’événement, après avoir pourtant célébré en grande pompe le 13 juillet 2008 la création de l’Union Pour la Méditerranée (UPM), et loué les efforts du Président de la République M. Nicolas Sarkozy visant à relancer le partenariat euro-méditerranéen. La présence de presque tous les chefs d’Etats des pays riverains de la méditerranée avait nourri de grands espoirs quant à la coopération et la paix dans la région.

Aujourd’hui, d’aucuns affirment que l’UPM est « mort-née ». En effet, le projet semble bloqué, pour les mêmes raisons que le processus de Barcelone, lancé en 1995, et que l’UPM cherche à réincarner. Les tensions autour du processus de paix au Proche-Orient et les mésententes chroniques entre chefs d’Etat avaient neutralisé la dynamique du projet, pour finalement le rendre caduque. La relance de cette dynamique s’inspire de la méthode des pères fondateurs de l’Union Européenne, qui consiste à créer une solidarité de fait avec des projets concrets, afin de fomenter la réconciliation et la coopération. En effet, M. Sarkozy fait écho à Robert Schuman lorsqu’il affirme en avril 2008 à Tunis, « Il ne s’agit pas de réaliser l’intégration politique de la Méditerranée mais d’organiser une coopération la plus étroite possible pour fonder les conditions de la réconciliation. »

Or, il semble que dans le cas de l’UPM, ce ne sont pas les projets qui manquent, mais bien la volonté politique. L’âpreté des négociations sur l’organisation de l’UPM témoigne de la difficulté de trouver un terrain d’entente, surtout dans un climat d’animosité très fort envers Israël. L’UPM est structurellement dépendante des fluctuations du processus de paix israélo-palestinien, ce qui rend ses avancées extrêmement difficiles.

Face à un climat de coopération aussi instable, les membres de l’UPM ont privilégié des projets concrets suscitant aisément le consensus. Six domaines ont ainsi été identifiés en juillet 2008 : la dépollution de la Méditerranée, les autoroutes maritimes et terrestres, le développement de l’énergie solaire, l’enseignement et la recherche, la protection civile, et le développement des petites et moyennes entreprises. Lors de la première réunion ministérielle de l’UPM, en juin 2009, la coprésidence franco-égyptienne a établi quatre enjeux majeurs concernant le domaine du développement durable : l’eau et l’environnement, les transports, l’énergie, et le développement urbain durable. Cette réunion a permis de relancer le processus, après plusieurs réunions avortées début 2009 en raison de la crise de Gaza.

Alors, qu’en est-il aujourd’hui des projets ambitieux que se donne l’UPM ? En avril aura lieu la conférence annuelle de la Conférence Permanente de l’Audiovisuel Méditerranée (COPEAM) qui, dans le cadre de l’UPM, développera les projets suivants : création d’une chaine de télévision méditerranéenne, création d’un portail internet sur le patrimoine audiovisuel méditerranéen, et enfin la création du premier réseau d’universités et d’écoles d’enseignement audiovisuel et de cinéma de la Méditerranée. D’autre part, le projet Euromed-News regroupe un grand nombre de radiodiffuseurs publics, afin de donner de la visibilité aux projets de coopération dans le cadre de l’UPM. L’organisation vient juste de finir sa gestation institutionnelle, avec la nomination de Ahmad Massadeh au poste de Secrétariat Général de l’UPM. Le siège de l’organisation est à Barcelone et six secrétariats devraient être installés prochainement, chacun correspondant à l’un des domaines d’activité fixés en juillet 2008.

L’UPM est donc bel et bien vivante, et son dynamisme demeure malgré les vives tensions entre certains de ses membres. Les projets sont concrets, réalistes, réalisables, et même ambitieux, bien que dénués de portée politique – pour le moment. Ce caractère « apolitique » des projets est inhérent au processus, car la coopération précède la réconciliation. Ceux qui jugent que l’UPM est mort-née n’ont pas conscience de la tâche draconienne qu’elle s’est attribuée, à savoir la stabilisation de l’une des régions les plus conflictuelles du monde.

atlasinfo.fr

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