La vague de violence anti-immigration qui déferle actuellement sur plusieurs villes britanniques a poussé au devant de la scène le débat sur l’usage des réseaux sociaux par des groupes d’extrême droite pour attiser la tension sociale dans un pays qui se bat déjà dans une crise économique.
Samedi, plusieurs villes du pays ont été secouées par des émeutes, entachées par des scènes de violence et de pillage, qui traduisent le climat de colère dans le pays. Plus de 100 personnes ont été interpellées par les services de police, qui ont renforcé leurs dispositifs ce dimanche pour faire face à de nouvelles émeutes prévues dans plusieurs villes.
L’attaque au couteau qui a coûté la vie à trois fillettes lundi dernier à Southport (nord-ouest de l’Angleterre) a été la cause directe des émeutes. Mais, la révélation de l’identité de l’assaillant, un adolescent issu de l’immigration, a été utilisée par les groupes d’extrême droite pour propager les sentiments de haine contre les immigrés.
Sur les réseaux sociaux, les commentaires de haine fusent. « Les arguments » ne manquent pas pour promouvoir ce discours. En premier lieu, la crise économique qui frappe le pays et son impact notamment sur un marché de l’emploi morose. Les experts des médias sociaux sont montés au créneau pour condamner le mauvais usage des plateformes sociales pour servir des objectifs qui vont au contraire des valeurs de la société britannique. D’après eux, ces plateformes sont devenues « un moteur de polarisation » dans l’actuel contexte d’émeutes au Royaume-Uni. Les voix d’extrême droite « trouvent dans les réseaux sociaux le terrain pour s’amplifier », indique Stephan Lewandowsky, expert des médias et professeur à l’université de Bristol. Joe Mulhall, directeur de recherche à +Hope Not Hate+, une organisation de lutte contre le fascisme, appelle, quant à lui, à intensifier les efforts de lutte contre la propagation des idées extrémistes sur les réseaux sociaux. Les experts soulignent, cependant, que la lutte contre les activités d’extrême droite en ligne doit s’accompagner par des efforts sur le terrain pour notamment renforcer la cohésion sociale dans le pays.
Il s’agit aussi, selon eux, de mettre en place des plans pour endiguer les griefs exploités par les promoteurs du discours de haine. Le gouvernement devrait créer de toute urgence une stratégie de cohésion communautaire, indique Mulhall. « Le multiculturalisme demande du travail », indique-t-il, relevant que l’encouragement des activités sociales et culturelles loin du domicile ou du lieu de travail où les personnes de différentes communautés peuvent se rencontrer, est « extrêmement important ». « Lorsque les individus et les différentes communautés interagissent les uns avec les autres, la désinformation est plus difficile à diffuser », fait-il observer.
Le gouvernement dirigé par le parti travailliste, semble certes déterminé à tout mettre en œuvre pour éviter au Royaume-Uni de sombrer dans la violence d’extrême droite. Mais, un travail en profondeur attend la nouvelle équipe arrivée aux commandes du pays suite aux élections législative du 4 juillet dernier, pour rétablir la cohésion qui a toujours fait la fierté du modèle d’intégration britannique.