Elections régionales-immigration
Les fauteuils de conseillers régionaux hors d’atteinte des candidats de l’immigration
La révision constitutionnelle de mars 2003 relative au référendum local avait laissé croire qu’il y avait, là, une voie vers une ouverture des procédures de la démocratie locale et régionales aux étrangers. Il n’en est rien.
Entre les discours tenus et les actes, les partis politiques font preuve d’un mépris caractérisé envers cette immigration quant il s’agit de répartir les places éligibles. A Paris comme ailleurs, entre la parité homme/femme et la place des candidats maghrébins, les 4 grands partis (PS, UMP, Modem, les Verts..), n’ont présenté que peu de maghrébines au scrutin régional du 14 mars, dont le footballeur Merouane Chemakh, placé 13ème sur la liste du Modem. Une position qui fait office de figuration.
Il est donc des paradoxes dont il est difficile de se défaire. La faible place qu’occupe aujourd’hui l’immigration dans les attributions juridiques des communes fait partie de ceux là. D’un côté, il y a le constat que les immigrés vivent très majoritairement dans les villes, dont ils contribuent à enrichir le paysage. De l’autre, l’incapacité des villes à répondre adéquatement aux attentes suscitées par l’amplification des phénomènes migratoires, en particulier au sein des grandes agglomérations.
Alors que le président Nicolas Sarkozy plaide pour la diversité, seules quelques poignées de candidats d’origine maghrébines sont en mesure de conquérir un fauteuil de conseiller régional en France, pourtant premier pays d’immigration en Europe.
Le Conseil de la diversité censé veiller sur l’application de la diversité dans les élections régionales, a estimé à 0, 03% le nombre de candidats originaire du Maghreb placés en position éligible dans les listes électorales. Et quand ils sont en position éligible, c’est souvent dans des luttes perdues d’avance. Nombreux d’entre eux ont décidé, sur la base de ce qu’ils appellent la discrimination électorale, de se retirer de la compétition, ne voulant pas faire de la simple figuration sur les listes.
Les élections 2004 étaient elles aussi catastrophiques pour l’immigration maghrébine. Sur 1880 conseillers régionaux en France, seuls quatre viennent du Maghreb, selon un rapport récent de l’Institut Montaigne intitulé ‘’ Les Oubliés de l’égalité des chances’’. Ce qui place la France derrière l’Allemagne, la Grande-Bretagne ou les Pays-Bas.
Le nombre de Français d’origine africaine ou maghrébine n’est cependant pas aisé à connaître précisément car la loi interdit les statistiques basées sur l’origine des individus ou sur leur religion.
S’agissant des tendances de vote, le Conseil note que près de 70 %c des Français issus de l’immigration maghrébine, qui compte près de 2 millions de votants, ont tendance à voter à gauche, contre 21 %c à droite.