La spectaculaire et historique annonce de la reconnaissance de la marocanité du Sahara par l’administration américaine fait partie de ces événements rares qui sont à la fois des accélérations de l’histoire et un tournant important dans l’équilibre régional des pouvoirs.
Une telle décision est de nature à provoquer une reconfiguration de la physionomie de toute la région de l’Afrique du Nord et du Maghreb, longtemps paralysée dans sa dynamique par cette crise autour du Sahara marocain artificiellement entretenue par l’Algérie.
Un tel soutien américain à l’unité territoriale du royaume est de nature à clore ce conflit entre Rabat et Alger par séparatistes du Polisario interposés. La solution de l’autonomie préconisée par le Maroc comme solution à la sortie de crise, déjà adoubée par la communauté internationale, deviendra l’unique offre de paix pour clore définitivement ce dossier. Ceux qui s’aventureraient à s’y opposer deviendraient de dangereux pyromanes qui menaceraient par leurs choix la stabilité et la paix régionale.
Ce tournant américain, à la fois irréversible et décisif, est un précieux cadeau politique à une population des pays du Maghreb de presque 100 millions d’habitants qui a vu ses chances dans l’unité et le développement handicapées à cause des choix d’une totale incohérence de l’institution militaire algérienne.
Aujourd’hui, ce pays parrain de séparatistes du Polisario se trouve en échec et mat sur l’ensemble de sa stratégie. Il se doit de la revoir pour se mettre au diapason des volontés et des désirs d’unité et d’ouverture de l’ensemble des peuples du Maghreb pour qui cette discorde est un indéchiffrable noeud.
La décision américaine n’offre pas le Sahara au Maroc. Depuis des décennies, les Marocains, à travers leur union sacré autour de leur souverain, en avaient déjà tranché l’issue. Par contre, elle clôt sur le plan diplomatique une dispute qui traînait en longueur et qui provoquait une hémorragie en énergie constructive et en ressources propres. Sans parler que dans le confusion entretenue par le pouvoir algérien, les chimères et les fantasmes étaient nourris pour maintenir vivantes les braises de ce conflit.
Avec sa reconnaissance, Washington vient de les éteindre à jamais et projette l’ensemble de la région dans une nouvelle séquence où les rêves d’unité et de réconciliation entre les pays du Maghreb longtemps reportés sont redevenus à nouveau possibles.
Parallèlement à ce soutien américain à la marocanité du Sahara, l’annonce d’une reprise des relations entre le Royaume du Maroc et Israël. Avec la présence de presque un million de juifs marocains en Israël, les relations entre les deux pays ont toujours été d’une particulière intensité qui traversa le règne des trois Rois . D’abord Feu Mohammed V qui, alors que l’Europe sous domination nazie voyaient se dérouler sous ses yeux les dramatiques épisodes de la solution finale, le souverain défia courageusement les autorités coloniales françaises en refusant de leur livrer les juifs du Maroc. Cette protection à l’égard de citoyens marocains de confession juive cimenta à jamais les liens et une indéfectible gratitude dont on perçoit encore les échos dans l’ethos Juif d’aujourd’hui.
Ce fut ensuite sous le règne de Feu Hassan II qui, par un sens inné de l’histoire et une perception visionnaire de sa dynamique, fut le premier chef d’Etat arabe à investir et à parier sur les fruits de la paix dans la région. Si Le Roi Hassan II avait été écouté et suivi pendant cette période où il s’entêtait contre vents et marrées à tisser les fils du dialogue et de la négociation entre arabes et israéliens, les Palestiniens auraient déjà eu leur Etat indépendant cohabitant en bonne intelligence avec Israël .
Et puis sous le règne de Mohammed VI, président du comité Al Qods, ardent défenseur de la cause palestinienne, autorité morale et politique à la fois auprès de la classe politique israélienne qui compte de nombreuses figures marocaines et auprès des Palestiniens qui y voient surtout en temps de crises et de guerres un recours de modération et une référence de sagesse, la diplomatie marocaine a été inlassablement à la recherche d’un solution à deux Etats qui préserve les intérêts des Palestiniens.
Même en rétablissant les relations avec Israël, le Maroc sous Mohammed VI restera un ardent avocat des Palestiniens et un infatigable défenseur du statut spécial de la ville trois fois sainte d’Al Qods.
Le Royaume, pays de la médiation et de la modération par excellence continuera à investir dans les efforts de la paix jusqu’à ce que les Palestiniens puissent jouir de leurs droits légitimes. C’est une des constantes de la diplomatie du Roi Mohammed VI qui lui vaut cette crédibilité et ce prestige dans l’ensemble du Monde arabe et au-delà.