Conseil national des imams: Moussaoui exprime sa « stupéfaction » après le retrait de la mosquée de Paris du projet
Le président du Conseil français du culte musulman (CFCM), Mohammed Moussaoui, a regretté mardi la décision selon lui « unilatérale et inexpliquée » de la grande Mosquée de Paris (GMP) de se retirer du projet de Conseil national des imams (CNI).
Le Conseil national des imams (CNI) est un projet souhaité par l’Elysée pour permettre de certifier leur formation en France, dans le cadre du projet de loi contre l’islam radical et les « séparatismes ».
Lundi, le recteur de la grande Mosquée, Chems-Eddine Hafiz, a annoncé sa volonté « de ne plus participer aux réunions qui visent à mettre en oeuvre le projet du Conseil national des imams » et sa « charte des valeurs républicaines », et « de geler tous les contacts avec l’ensemble de la composante islamiste du CFCM ».
La grande Mosquée de Paris a notamment accusé certaines fédérations sans les nommer du CFCM de bloquer les négociations dans l’écriture d’une « charte des valeurs républicaines » .
« Après l’annonce unilatérale et inexpliquée de la Grande Mosquée de Paris (GMP) de son retrait du projet du CNI et face aux réactions qu’elle suscite, nous avons jugé utile et nécessaire d’informer et d’éclairer l’opinion publique sur la réalité des faits », a affirmé M. Moussaoui dans sa mise au point, indiquant qu’en sa qualité du président de l’instance représentative du culte musulman, il lui incombe de « rétablir la vérité ».
« Le 15 décembre 2020, la dernière mouture de la charte a obtenu l’approbation de l’ensemble des fédérations, y compris celle de la Grande Mosquée de Paris », a tenu à préciser le président du CFCM.
Et d’ajouter: « C’est dire que nous avons quasiment atteint un des objectifs que nous nous sommes fixés ».
Pour l’acter, le président du CFCM avait demandé aux fédérations de confirmer solennellement et par écrit avant le 30 décembre 2020 leur adhésion au texte final de la charte qu’ils avaient annoncée en visioconférence le 15 décembre 2020.
« C’est avec regret et grande stupéfaction que le 28 décembre 2020 nous avons appris le retrait de la Grande Mosquée de Paris des travaux du CNI, via un communiqué de presse, en pleine réunion de l’Exécutif du CFCM à la quelle participaient trois membres de la Grande Mosquée de Paris, également surpris par le communiqué ».
Darmanin veut sauver la charte
Le ministre de l’Intérieur, chargé des cultes, espère relancer l’initiative, a-t-il confié au Parisien. « On va se donner le temps qu’il faut », annonce Gérald Darmanin par rapport au projet de charte concernant l’encadrement des imams.
« Ce n’est pas fini. Je recevrai séparément les différentes fédérations qui forment le CFCM début janvier, a affirmé Gérald Darmanin au Parisien. Il vaut mieux que deux ou trois fédérations signent un texte qui respecte clairement les valeurs de la République plutôt qu’une mouture light soit signée par tous les participants d’une photo de famille ».
« Il peut y avoir des divergences internes au sein du CFCM, mais ça ne remet pas en cause le travail qui se se poursuit », a fait de son côté valoir l’entourage du ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin, soulignant que « la rédaction » du texte est un « processus indépendant de l’Etat ».
« Il y a des échanges techniques réguliers entre le ministère et les différentes fédérations » qui composent le CFCM, a-t-on-ajouté dans l’entourage de M. Darmanin, en précisant que « le ministre recevra séparément chacune des instances des fédérations en janvier ».
« Il vaut mieux prendre un peu plus de temps et avoir un texte solide, fort, respectant les valeurs de la République, avec peut-être moins de fédérations qui le signeront. Plutôt que quelque chose qui soit fait à la va-vite, signé par tout le monde, mais avec moins de consistance », indique-t-on encore Place Beauvau.
Mohammed Moussaoui a de son côté appelé « à installer immédiatement le Conseil national des imams et à doter ce dernier des moyens nécessaires à l’accomplissement de sa mission », tout en assurant qu’il souhaitait que la grande Mosquée de Paris « puisse continuer à oeuvrer avec ses partenaires du CFCM ».
Le CNI doit délivrer un agrément aux imams en fonction de leurs connaissances et de leur engagement à respecter les valeurs républicaines.