Brésil : le « droit ancestral » sur les terres indigènes menace le secteur agricole, avertit le président
Le chef de l’Etat (droite) a fait cette déclaration à la veille de la reprise par la Cour suprême d’un procès dans lequel elle doit se prononcer sur la « thèse temporelle », qui ne reconnaît comme ancestrales que les terres qui étaient occupées par les indigènes au 5 octobre 1988, date de la promulgation de l’actuelle Constitution brésilienne.
Or, de nombreuses tribus ont été déplacées, notamment sous la dictature militaire (1964-1985). De retour sur leurs terres, ces tribus réclament, depuis, la protection du statut accordé aux réserves, auquel est opposé le puissant lobby de l’agrobusiness.
Les indigènes soutiennent que cette thèse met fin à leurs « droits ancestraux » et favorise également la légalisation des zones occupées avant cette date par de puissants propriétaires qui ont expulsé de force leurs habitants d’origine au fil des décennies.
Bolsonaro a déclaré, mercredi, qu’un déficit de connaissance par la Cour suprême mettrait en danger « la sécurité alimentaire » du Brésil et « d’autres pays » qui dépendent aujourd’hui de l’agriculture du pays sud-américain, l’une des plus puissantes au monde.
« Sur cinq plats de nourriture consommés dans le monde, un vient du Brésil », a déclaré le président, qui a assuré qu’une éventuelle décision de la Cour suprême en faveur des peuples indigènes « porterait un coup sévère à l’agriculture. Ce serait catastrophique et avec un impact » dans de nombreux autres pays importateurs de denrées alimentaires.
Le président brésilien a déclaré que, selon les calculs du gouvernement, si la vision contraire au « cadre temporaire » est imposée, de nouvelles réserves indigènes équivalentes à « 14% du territoire » du Brésil devraient être délimitées, un pourcentage égal à celui déjà occupé légalement par les peuples indigènes.
Le leader de la droite brésilienne a prévenu qu’une décision en faveur des peuples indigènes « ferait monter en flèche le prix de la nourriture » et pourrait même produire des « pénuries » à la fois au Brésil et dans le monde.