Au Royaume-Uni, majorité et opposition se sont mis en ordre de marche pour préparer les prochaines échéances électorales. Les conservateurs au pouvoir et l’opposition travailliste tentent de se réorganiser sur l’échiquier politique britannique en prévision des élections législatives qui doivent se tenir à l’automne de l’année prochaine, et pour lesquelles le Labour est donné favori.
Le chef de l’opposition Keir Starmer a profité de la rentrée politique pour remanier son équipe afin de présenter aux Britanniques ce que serait un exécutif travailliste à l’issue de ces élections. Cette réorganisation permet notamment à Angela Rayner, numéro deux du parti, d’être désormais en charge du rééquilibrage territorial au sein du « shadow cabinet » (gouvernement fantôme), au lieu de Lisa Nandy, plus à gauche, qui est nommée au portefeuille moins important du Développement international.
Selon les observateurs, ce remaniement se fait au profit de la tendance la plus libérale du parti, au détriment du centre gauche et intervient dans un timing intéressant qui correspond à la prise de fonction de l’ancienne haute fonctionnaire Sue Gray en tant que directrice de cabinet de la formation travailliste.
Ce nouveau coup de barre au centre n’est pas étranger à M. Starmer qui s’est appliqué depuis son arrivée à la tête du parti en 2020 à s’éloigner de l’héritage de Jeremy Corbyn, au positionnement idéologique très à gauche, qui avait suscité de vives condamnations pour son laxisme face à l’antisémitisme au sein du parti.
Pour sa première réunion avec son nouveau cabinet à Church House, au cœur de Londres, M. Starmer a appelé ses collègues à prouver que le parti était prêt à prendre le pouvoir.
Alors que sa formation caracole en tête des sondages qui lui donnent entre 15 et 20 points d’avance sur les Tories, le leader du Labour a mis en garde contre toute complaisance, rappelant que « pas un seul vote n’a été effectué ».
Un discours qui montre clairement que le parti, qui n’a plus quitté l’opposition depuis 13 ans, se prépare mentalement à la perspective du pouvoir. Un membre de l’équipe dirigeante a même déclaré au Financial Times avoir eu l’impression que « le coup d’envoi d’une longue campagne pour les élections législatives avait été donné ».
D’autant que le remaniement du cabinet fantôme de M. Starmer a impliqué la promotion ou le retour de personnes qui ont été ministres ou conseillers dans le gouvernement travailliste de Tony Blair, notamment Hilary Benn et Pat McFadden.
Parallèlement à Downing Street, Rishi Sunak définissait les lignes de combat politiques au sein de son cabinet, en prévision d’un automne marqué par la conférence du parti conservateur et deux élections législatives partielles.
Côté remaniement, M. Sunak a été contraint de laisser filer son ministre de la Défense, Ben Wallace, très apprécié de l’armée et au sein du parti, qui a choisi de se retirer de la vie politique. Il a été remplacé par Grant Shapps, jusqu’alors ministre de l’Énergie, donnant à M. Sunak l’occasion d’abattre une nouvelle carte en nommant Claire Coutinho à la sécurité énergétique.
Élue pour la première fois en 2019, la députée conservatrice de 38 ans est depuis longtemps pressentie comme une future star des Tories et cette promotion renforcera les spéculations selon lesquelles elle pourrait un jour devenir chef de file du parti.
La presse affirme que Mme Coutinho est populaire au sein du parti conservateur, souvent très compétitif, et que sa nomination est particulièrement bien accueillie par l’aile « justice sociale » de la formation. À un an des législatives, le Premier ministre compte sur elle pour convaincre les électeurs de la même manière qu’elle a rallié ses collègues.
Début octobre, M. Sunak devrait profiter de la conférence de son parti pour annoncer les grandes lignes d’une politique qui mènera à ce qu’il espère être un rebond économique en 2024.
Une perspective qui semble désormais réaliste, les données révisées de son ministre des Finances, Jeremy Hunt ayant montré que le Royaume-Uni s’était rétabli plus rapidement que la France, l’Allemagne et l’Italie depuis la pandémie de Covid-19, démontrant « la capacité du pays à faire croître son économie en dehors de l’UE ».