Attentat raciste en France !

Énorme choc en France à la veille des fêtes de fin d’année. Un septuagénaire, ancien conducteur de train à la SNCF, connu par la justice française pour son pedigree raciste, dégaine son arme et tue trois kurdes et en blesse d’autres. Terrible onde de choc qui parcourt la société française et met en lumières une de ses failles actuelles les plus dangereuses. Le racisme, meurtrier de masse.

Entre les premières réactions du président Emmanuel Macron qui parle d’un odieux attentat qui a visé la communauté kurde et celle de son ministre de l’intérieur Gérald Darmanin qui évoque dès le début des motivation racistes de cet acte violent, une confusion s’installe dans les esprits.

Ces personnes tuées dans le dixième arrondissement de Paris l’ont-elles été parce qu’elles étaient kurdes ou parce qu’elles étains simplement étrangers ?  Le focus sur l’une ou l’autre hypothèse influence le débat et la nature de ses conclusions.

La fixation du débat, dans un premier temps, sur la communauté kurde en tant que victime principale de ce racisme provoque une illusion d’optique qui pourrait faire l’économie d’une discussion réelle sur la montée du racisme et de la xénophobie en France. L’assassin de la rue d’Enghien dans le Xème arrondissement  de Paris n’avait pas un agenda particulièrement antagoniste à l’égard des kurdes. On ne lui connaissait pas une incursion dans les enjeux internationaux où la question kurde est activement présente.

Cet acte violent est un acte raciste, issu d’une atmosphère où la xénophobie est en train de se banaliser dangereusement. Le bras qui a tué froidement a été armé idéologiquement par le discours de l’extrême droite porté par des partis politiques qui ont pignon sur rue lors des dernières élections et par des groupes médiatiques qui ont fait de l’éloge du racisme et de l’exclusion de l’Autre à la fois leur ligne éditoriale et leur fonds de commerce.

Ces partis et ces médias ont réussi à imposer à la société française une sorte d’angoisse générale, où l’étranger est source de tous les maux, et où il devient une cible des fantasmes les plus meurtriers. Ils ont sciemment développé un clivage dangereux entre les composantes de la société française, enterrant volontairement les généreux principes du vivre ensemble, préparant les Français à se regarder et à se percevoir avec violence.

Il y a une gêne manifeste à reconnaître que cet acte odieux est un acte raciste froidement assumé. Il y a une difficulté encore plus grande à le qualifier d’attentat terroriste comme les autres types de violence de cette nature. Le reconnaître et lui donner ce qualificatif équivaut à chercher les responsabilités dans les milieux qui soufflent sur les braises et alimentent les haines dans des esprits fragiles disponibles à passer à l’acte violent. L’enjeu étant de demander des comptes avec des conséquences juridiques d’une posture pyromane dont la finalité est cette violence sociale à caractère terroriste.

Le racisme est déjà puni par la loi. L’incitation à la haine de l’Autre à travers les créations d’atmosphère obsessionnelle sur les étrangers ne l’est pas encore. Et s’il y a une évolution notoire à attendre de ce drame, c’est de voir la pression, qui s’est relâchée sur les discours raciste, reprendre de la vigueur.

En France, l’extrême-droite ne se limite pas à amuser la galerie électorale et le cirque médiatique. L’extrême droite tue aussi de sang-froid. Les conséquences politiques sont énormes, à commencer par le retour à la case satanique de partis politiques qui ont cru réussir leur mue et acquérir une respectabilité qui les prépare éventuellement à gouverner.

Le mobile raciste a donc été retenue dans cette affaire mais est-ce pour autant une volonté de l’Etat d’interpeller les promoteurs politiques et médiatiques de ce racisme ? Alors que se pose aujourd’hui la question de savoir comment diminuer le volume du bruit de la parole raciste qui prépare les esprits à de telles démarches et qui offre une caution idéologique à toutes les haines.

Le plus angoissant dans cette histoire est cette conviction installée chez beaucoup, comme une alerte, que cet acte qui a visé accidentellement les kurdes pourrait demain toucher une autre composante de la société française. D’où la peur que la réalité française nourrie de racistes armées ne puisse ressembler de plus en plus au triste modèle américain.

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