Algérie: les preneurs d’otages exigent « l’arrêt de l’agression » au Mali

Algérie: les preneurs d'otages exigent
Un groupe islamiste armé a revendiqué mercredi la prise d’otages massive sur un site gazier en Algérie, réclamant notamment "l’arrêt de l’agression" au Mali, dans un communiqué publié par le site mauritanien Alakhbar, qui publie régulièrement les communiqués de jihadistes.

"Nous annonçons avoir réussi une attaque de taille en réaction à (…) la croisade menée par les forces françaises au Mali", selon le communiqué, qui évoque 40 otages étrangers, dont 7 Américains et 2 Britanniques et réclame "l’arrêt de l’agression" au Mali.

Les auteurs de la prise d’otages sur le site gazier d’In Aménas ne sont venus ni de Libye ni du Mali, a déclaré le ministre algérien de l’Intérieur et des collectivités locales, Dahou Ould Kablia.

La vaste prise d’otage opérée ce mercredi sur un site gazier de BP en Algérie a été revendiquée par des membres de la brigade Al-Mouthalimin, menée par l’Algérien Mokhtar Belmokhtar. Belmokhtar, alias «Bellaouar», ou «Khaled Abou Abass», ou «le Borgne», ou «l’Insaisissable» ou «Mister Marlboro»…, est l’un des chefs historiques d’Al-Qaeda au Maghreb islamique (Aqmi), qu’il a introduit dans le nord du Mali. Il est le responsable présumé de l’enlèvement et de la mort de plusieurs ressortissants français au Sahel.

Belmokhtar avait annoncé en décembre, dans une vidéo, sa rupture avec Aqmi et la création d’un nouveau groupe islamiste armé, Al-Mouthalimin («ceux qui signent par le sang»), proche du Mouvement unicité et jihad en Afrique de l’Ouest (le Mujao, qui contrôle la région de Gao au Mali). Des hommes se présentant comme membres de cette brigade Al-Mouthalimin ont revendiqué la prise d’otage auprès de plusieurs sites d’informations mauritaniens. Un assaillant joint par téléphone par l’AFP a aussi affirmé que les attaquants étaient des membres d’Al-Qaeda, venus du Mali, appartenant à la brigade de Mokhtar Belmokhtar. Selon un ancien ministre algérien de l’Intérieur, Dahou Ould Kablia, l’attaque est également signée de la brigade de Belmokhtar, mais elle aurait été menée par «une vingtaine d’hommes issus de la région», qui ne seraient pas venus du Mali.

Belmokhtar n’était jamais apparu à découvert jusqu’à cette vidéo où il apparaissait kalachnikov à la main et le drapeau noir des jihadistes au côté. L’un des premiers jihadistes installé au Sahara malien, basé récemment à Gao, marié à une femme touarègue, Belmokhtar est parvenu à se créer de solides alliances tribales et familiales avec des groupes locaux du Sahel. Il a été vu mi-juillet à Tombouctou.

Entraîné jeune dans les camps afghans de ce qui allait plus tard devenir Al-Qaeda, il met à profit cette expérience pour devenir l’un des chefs militaires du Groupe islamiste armé (GIA) algérien. Il prend ensuite part à la fondation du Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC), qui deviendra en 2007 la branche maghrébine d’Al-Qaeda. C’est l’époque où il part s’installer dans le Sahara malien. Pour financer ses activités, notamment l’achat d’armes, Belmokhtar se spécialise alors dans le rapt d’Occidentaux, qu’il a l’habitude d’échanger contre d’importantes rançons. Il est présumé responsable de la mort, survenue le 24 décembre 2007 en Mauritanie, de quatre Français.

Selon le site d’information algérien Maghreb émergent, la prise d’otage de ce mercredi porte sa marque. «Il a quitté le Nord Mali par le Niger au tout début de l’attaque française, a traversé le Ténéré très vite et a remonté l’Algérie le long de la frontière libyenne. Il est arrivé par surprise sur un site à 1 700 km de son point de départ, sans jamais être repéré. Seul lui peut faire une pareille chose dans le Sahara», croit savoir une source interrogée par le site, à qui deux autres sources ont affirmé qu’il s’agissait bien de Belmokhtar. L’ampleur de l’attaque semblerait aussi indiquer qu’il ne s’agit pas d’un petit groupe local.

Dans un entretien publié en novembre sur le site mauritanien Alkhabar, Belmokhtar défendait l’application de la charia au Nord Mali et s’élevait contre toute offensive visant à s’y opposer : «Tout pays maintenant qui tenterait d’imposer le contraire ou interviendrait dans l’Azawad serait considéré comme un oppresseur un agresseur qui s’attaquerait à un peuple musulman appliquant la Charia sur son territoire.»

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