«Le mandat de la nouvelle administration pourrait rendre encore plus difficile la gestion déjà compliquée des objectifs de politique fiscale, économique et sociale», a déclaré le vice-président et responsable principal du crédit chez Moody’s, Aurélien Mali.
Il a précisé que le prochain gouvernement sera confronté à une tâche difficile qui consiste à adopter des réformes structurelles pour stimuler des années de croissance économique atone, freiner les pénuries d’électricité chroniques et réduire un chômage très élevé.
Plusieurs sondages d’opinion ont révélé que le Congrès national africain (ANC au pouvoir) pourrait perdre sa majorité lors des prochaines élections, pour la première fois depuis son arrivée au pouvoir en 1994.
«Les résultats des élections soulèvent la possibilité que des politiques émanant de partis relativement radicaux, y compris des politiques peu favorables aux investisseurs, émergent», a mis en garde M. Mali.
De même, le responsable a signalé que le prochain gouvernement sera appelé à mener ses politiques publiques avec un budget qui reste vulnérable aux chocs, alors que la marge budgétaire pour mettre en œuvre les réformes restait limitée.
«Le soutien financier aux entreprises publiques en difficulté financière, en particulier la compagnie d’électricité Eskom, dont les tarifs ne financent pas de manière adéquate ses dépenses de fonctionnement et d’investissement, devraient également peser sur les finances du gouvernement», a-t-il poursuivi.
Il a signalé, en outre, que le niveau croissant de dette que les gouvernements régionaux et locaux doivent aux services publics d’eau et d’électricité continueront de créer un fardeau financier pour les municipalités, affaiblissant leur capacité à fournir des services aux citoyens.
«Un autre défi pour le gouvernement est la forte exposition de l’Afrique du Sud aux risques sociaux, reflétant un chômage très élevé (plus de 50 % pour la main-d’œuvre âgée de 15 à 24 ans), des lois du travail rigides, une pénurie de travailleurs qualifiés et des inégalités de revenus qui sont parmi les plus élevés au monde», a-t-il relevé.
Moody’s s’attend à une modeste croissance du produit intérieur brut (PIB) sud-africain en 2024 à 1,3 %, contre 0,6 % en 2023, toujours bien en dessous de la moyenne des marchés émergents.