Affaire Radi/viol: le syndicat national de la presse marocaine dénonce la campagne de diffamation contre la plaignante

Après une enquête à charge publiée dans Mediapart et l’Humanité et des communiqués d’Amnesty International et de HRW, le Syndicat national de la presse marocaine a vivement réagi, appelant ces derniers à arrêter de diffamer la plaignante et de respecter son droit à se défendre. Hafsa Boutaher avait déposé plainte pour viol contre son confrère, le journaliste Omar Radi, déjà poursuivi dans une affaire d’atteinte à la sécurité intérieure de l’Etat.

Dans un communiqué publié le 25 septembre, le SNPM a fait une sévère mise au point sur l’affaire Omar Radi, détenu sur la base d’une double enquête des autorités judiciaires, l’une pour une supposée atteinte à la sécurité intérieure de l’État et l’autre relative au viol présumée d’une de ses consoeurs.

Concernant la première accusation, le SNPM tient à rappeler que le « Syndicat a rendu public, en date du 25 juin 2020, un communiqué, suite à la convocation de notre confrère par la Brigade nationale de la police judiciaire après supposée réception de fonds étrangers dans le but de porter atteinte à la sécurité intérieure de l’État, mais aussi pour contacts avec des agents étrangers ».

Il souligne également avoir «alors exprimé sa profonde inquiétude quant à cette affaire, d’une part car défendant le principe de liberté de la presse, d’autre part parce que ledit confrère est visé ».

Indiquant avoir rencontré 1er juillet 2020 Omar Radi, suite au communiqué publié par Amnesty International sur un supposé espionnage du téléphone du journaliste par la société israélienne NSO, le SNPM a proposé à Omar Radi « de remettre son téléphone à des experts mandatés par le Syndicat et son représentant personnel, pour analyse ».

Mais, poursuit le communiqué, « les évolutions de l’affaire n’ont pas permis de donner suite à cette proposition », précisant que le Syndicat « reste circonspect quant à l’évolution qu’a connue l’affaire concernant une éventuelle réception de fonds provenant de parties étrangères et pouvant porter atteinte à la sécurité intérieure de l’État ».

Le Syndicat rappelle suivre l’affaire et insiste sur le principe de présomption d’innocence et la garantie d’un procès équitable.

Le SNPM dénonce médias et ONG étrangers qui diffament la plaignante

Quant à la plainte pour viol déposée par Hafsa Boutahar, le Syndicat précise sa position condamnant fermement « les crimes de viol, de harcèlement et, de manière générale, toute forme de violence portant atteinte aux droits humains et à la dignité des femmes ».

Et comme pour le premier dossier, le SNPM appelle à « une enquête impartiale, visant à dévoiler la vérité et à garantir les droits des deux parties », ajoutant que le syndicat a organisé une « séance d’audition avec notre consoeur  Hafsa Boutahar suite à sa demande de soutien ».

Après avoir exposé les faits, le SNPM se dit par ailleurs surpris et outré par le traitement réservé par certains médias étrangers et ONG, principalement Mediapart, L’Humanité, Amnesty International et Human Rights Watch, à cette affaire et surtout à la plaignante, la qualifiant d' »intrigante » et de « complice » d’un « complot » contre un « journaliste libre et indépendant » et « militant politique et des droits de l’homme ».

« Nous considérons que toute tentative de pression sur la plaignante en l’accusant de conspirer pour faire inculper Omar Radi est une atteinte à son droit d’ester en Justice (…)  nous condamnons, au sein du Syndicat national de la presse marocaine, les discours véhiculés par certains médias étrangers et organisations non gouvernementales qui ont tranché le dossier avant la Justice, bannissant de ce fait le droit à la parole de la plaignante, l’accusant d’être impliquée dans un complot visant Omar Radi », s’indigne le SNPM dans son communiqué.

Le SNPM qualifie ce qui a été publié d' »accusations sans fondement légal (qui) sont contraires aux principes universels que sont les droits humains, et les droits des femmes en particulier ».

En décrétant ce type de « préjugement », on dénie à une femme le droit de se défendre et de faire entendre sa voix sous prétexte qu’Omar Radi est un « militant politique et des droits humains », écrit le Syndicat qui dénonce une « campagne menée contre la plaignante », et qui est selon SNMP le « fait de médias et d’organisations non gouvernementales, qui pratiquent la politique de deux poids, deux mesures ».

« Si le droit des victimes de crimes sexuels est respecté dans leurs pays, et même dans des affaires prescrites, lorsqu’il s’agit d’une femme marocaine, ce principe est bafoué au simple motif que l’accusé est un militant politique et des droits de l’homme », poursuit le SNPM.

Sur cette base, le Syndicat annonce qu’il « continuera à suivre le dossier d’Omar Radi, en vue de défendre tous ses droits garantis par la loi et garantis par le Déclaration universelle des droits de l’homme, et en même temps confirme sa défense du droit de la plaignante à se défendre et recourir à la justice sans subir aucune pression ni diffamation ».

Omar Radi, en détention préventive depuis fin juillet, a été interrogé mardi 22 septembre par un juge d’instruction, à Casablanca.  La plaignante sera entendue le 5 octobre, avant la confrontation prévue le 14 octobre.

Les deux journalistes travaillent pour le d’information Le Desk.

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