François Hollande face aux défis des frondeurs
Avec la rentrée politique qui profile à l’horizon, l’heure de vérité approche pour François Hollande. Il avait fixé au mois de décembre la date de la grande clarification. Mais en attendant, il jette quelques indications susceptibles d’éclairer sur ses intentions. Le dernier livre « Conversations privées avec le président », signé d’Antonin André et Karim Rissouli, qui alimente le buzz politique estival parisien fait partie de cette stratégie.
Par Mustapha Tossa
En attendant François Hollande assiste, impuissant à l’éclosion des candidatures à la primaire à gauche comme autant de défis lancés à sa propre gouvernance. Celle de Benoit Hamon est déjà actée. Celle du trublion Arnaud Montebourg a été lancée à grands spectacles, avec un discours programme fidèle la grandiloquence du personnage. Quant à Martine Aubry, celle que les médias avaient un moment pressentie comme l’icône de la fronde contre Hollande, elle jette l’éponge et refuse de se lancer dans l’aventure présidentielle.
Parmi tous les détracteurs de François Hollande qui se sont déclarés jusqu’à présent, Arnaud Montebourg est le plus incisif. L’avocat talentueux et le ministre amer a laissé exploser sa frustration et sa rancune tenace à l’encontre du président. Lors de sa déclaration d’intention présidentielle, il avait pris un malin plaisir à appuyer là où ça fait mal en adressant une supplique au président de la république: "Je lui demande de bien réfléchir à sa décision, de bien considérer les faits, de prendre en compte l’intérêt supérieur du pays, de mesurer la faiblesse inédite et historique qui est la sienne au regard des Français, d’affronter sa conscience, sa responsabilité, et s’il le faut, de lutter contre lui-même". Dans cet angle d’attaque, Benoit Hamon, l’autre candidat fondeur à la primaire des socialistes l’avait devancé :" Ma conviction, je le regrette, c’est que le président de la République aujourd’hui, au regard de la déception qu’il a créée dans son propre camp, n’est plus dans cette situation, c’est trop tard, de créer cette relation de confiance avec les Français".
Ces sorties renseignent sur deux points essentiels. La candidature de François Hollande, contrairement celle de ses prédécesseurs, Mitterrand, Chirac ou Sarkozy, à la fin de leur premier mandat, n’est ni évidente ne naturelle. La primaire est en soi la preuve de la faillite et de l’échec. Le second point est qu’à travers ce défi lancé par ses concurrents à gauche, c’est l’effet boomerang de la fronde qui leur revient en plein visage. Un cumul de tous les faux pas et les erreurs de casting dont il faut solder les comptes.
Pour justifier son acceptation des primaires, Francois Hollande avait justifié sa décision par une sorte de courage fataliste. S’il n’est pas capable d’emporter l’adhésion des socialistes dans une primaire maison, comme peut rêver bénéficier de la confiance des Français dans un scrutin national?, avait- il lancé à une audience qui doute de sa capacité à rebondir.
La primaire socialiste s’annonce comme une épreuve douloureuse et sans concessions pour Hollande. Ses adversaires auront à coeur de dévoiler l’inefficacité de sa gouvernance à travers le constat de nombreux reculs sur le plan social et politique et le virage économique très à droite incarné par Emmanuel Macron qui, comble de la provocation pour les frondeurs à gauche, vient d’avouer qu’il n’est pas socialiste. Lui, François Hollande, s’il décide de descendre dans l’arène des primaires, s’attachera à convaincre que malgré tous ses défauts et ses handicaps, il reste, devant des profils aussi clivants que ceux de Hamon et Montebourg, la meilleure carte à gauche pour l’emporter contre le frénétique appétit de retour d’un Nicolas Sarkozy ou la démarche martiale et conquérante d’une Marine Le Pen.