Au niveau fédéral, le leader nationaliste flamand Bart De Wever, nommé par le roi Philippe formateur du prochain gouvernement après que son parti, l’Alliance néoflamande (N-VA), est arrivé premier aux élections législatives, continue ses consultations pour mettre en place la nouvelle majorité gouvernementale, qui devrait comprendre cinq partis ayant déjà donné leur accord pour entamer des négociations.
Outre la N-VA, cette majorité devrait être constituée, côté francophone, par le parti libéral Mouvement réformateur (MR) et le parti centriste Les Engagés et, côté néerlandophone, par les chrétiens-démocrates (CD&V) et Vooruit, l’ex-Parti socialiste flamand, seul partenaire de gauche.
Cette majorité, dite “Arizona”, représente au total 81 des 150 sièges à la Chambre des représentants, chambre basse du parlement fédéral. Une assise législative confortable donc, mais encore faut-il que les partis en question accordent leurs violons sur la ligne politique, économique et sociale du prochain gouvernement fédéral et sur les réformes à mener, notamment pour répondre aux exigences de l’UE en termes de déficit budgétaire.
Bart De Wever mène les négociations sans laisser échapper aucun commentaire sur leur déroulement. Sa mission de formateur vient d’être prolongée mercredi et il doit remettre au roi des Belges, le 19 août prochain, un nouveau rapport sur l’état des lieux de la formation du nouvel exécutif.
Les fuites se font rares également du côté des négociateurs des différents partis concernés, qui se limitent à faire état de discussions “constructives”. Cependant, la presse rapporte certains mécontentements ici et là quant aux notes thématiques soumises par De Wever aux négociateurs, jugées “très marquées N-VA”, puisqu’elles prévoient, entre autres, une révision de l’indexation des salaires, le renvoi des demandeurs d’asile dans des prisons situées à l’étranger et une réforme fiscale “trop à droite”.
“Il reste de nombreuses réunions et de nombreuses semaines avant d’arriver à des positions communes”, estime une source dans l’entourage des négociateurs, citée par le quotidien “Le Soir”.
Même constat du côté de la Flandre, où les négociations pour la formation du prochain gouvernement régional impliquent la N-VA, Vooruit et le CD&V, qui disposent ensemble de 65 sièges au parlement régional sur un total de 124. Une façon d’écarter le parti d’extrême droite Vlaams Belang, qui, avec 31 sièges, est arrivé en tête des dernières élections régionales à égalité avec la N-VA.
Dans le nord de la Belgique, les discussions se concentrent sur un projet de fusion de communes et de suppression des provinces dans un souci de simplification administrative et d’économie budgétaire. La N-VA veut inciter les 300 communes flamandes à fusionner pour réduire leur nombre à une centaine, avant de rendre la mesure obligatoire en 2030. Une réforme rejetée jusque-là par le CD&V.
Cependant, aucun blocage n’est apparu jusqu’ici, et les groupes de travail thématiques de ces partis continuent leurs réunions afin de rapprocher les points de vue.
Dans le sud, les jeux sont déjà faits. Le MR et les Engagés, vainqueurs du scrutin du 9 juin en Wallonie, ont annoncé il y a deux semaines un accord pour former le gouvernement wallon et celui de la Fédération Wallonie-Bruxelles (FWB), avec un programme qui prévoit notamment une baisse d’impôt inédite, une réduction des dépenses des autorités publiques et la suppression des conseils provinciaux en 2030.
Les nouveaux gouvernements wallon, présidé par Adrien Dolimont (MR), et de la FWB, dirigé par Elisabeth Degryse (Les Engagés), ont déjà prêté serment la semaine dernière et sont entrés en fonction. Une rapidité due à la convergence des visions au sein de cette alliance “Azur” de centre-droit, qui n’a toutefois pas manqué de soulever les critiques de l’opposition, considérant qu’il y a trop de lacunes dans le programme de la majorité.
Le MR et les Engagés jouissent de la majorité absolue dans les parlement wallon (43 sièges sur un total de 75) et de la FWB (50 sièges sur 94).
C’est dans la région de Bruxelles-Capitale que la tâche de former un exécutif semble être la plus compliquée, d’autant plus que dans cette région bilingue, il s’agit de dégager une majorité du côté francophone et une autre du côté néerlandophone.
Les positions des partis ayant obtenu les plus hauts scores aux élections, notamment le MR (20 sièges) et le Parti socialiste (PS, 16 sièges) sont encore trop divergentes. Or, une entente entre ces deux formations semble nécessaire, puisque le MR et les Engagés refusent toute alliance impliquant le PTB, troisième en nombre de sièges (15), sur un total de 89 sièges au parlement bruxellois.
La situation est également compliquée du côté des formations flamandes, qui sont minoritaires mais toutefois essentielles pour former le gouvernement, vu le statut bilingue de la capitale belge. Les observateurs s’attendent à de longues négociations, qui pourraient traîner jusqu’aux élections communales prévues le 13 octobre prochain.