En emballant ses cartons remplis de médicaments, la colère de Nordine monte crescendo contre les défaillances du régime algérien face aux incendies qui ravagent la Kabylie. « Nous sommes doublement sous le choc. Ce régime prouve encore une fois son incompétence », peste cet ingénieur information dont une partie de la famille vit toujours à Tizi-Ouzou.
Cela fait des jours que Nordine mobilise à tout va pour venir en aide à la Kabylie. « c’est ma patrie, c’est la terre de mes ancêtres que le pouvoir laisse partir en flammes ».
Le jeune informaticien ne décolère pas. Et il n’est pas le seul. La communauté kabyle à Paris est accablée par un Etat qui a failli à ses responsabilités de porter secours à la population prise aux pièges des flammes.
“L’essentiel aujourd’hui est d’acheminer le maximum d’aides et de médicaments à nos frères et sœurs sur place. Mais le président Tebboune doit nous rendre des comptes. Tout est parti en fumée en Kabylie et les responsables n’ont rien fait pour arrêter à temps cette tragédie”, soupire Nadjia, kinésithérapeute dans un grand hôpital de la région parisienne.
Pour Nadjia, “la haine aveugle le pouvoir: La haine contre la Kabylie. la haine à l’égard du Maroc”, avant de s’interroger : “pourquoi Tebboune n’a pas accepté l’aide du Maroc qui nous proposait ses Canadairs pour éteindre le feu. Nous sommes voisins et le voisin tend la main en période difficile. C’est cela notre culture. Regardez l’Europe du Sud touchée par les feux, tout le monde s’entraide même s’ils ne sont pas d’accord !”.
“Les gens là-bas sont en détresse et se sentent abandonnés. Nous ici, on essaie de leur dire qu’ils ne sont pas seuls”, ajoute Nadjia en préparant des sacs plein de boites de Biafine, de tulle gras, de pansements, de masques, etc.
L’élan de solidarité de la diaspora algérienne relayé massivement sur les réseaux sociaux ne faiblit pas. En quelques semaines, la cagnotte lancée sur internet par Merouane Messekher, jeune interne en pneumologie au CHU de Toulouse pour l’expédition en urgence de matériel oxygénothérapie, a atteint plus de 620.000 euros.
Face à l’ampleur de la mobilisation, l’ambassade d’Algérie à Paris a annoncé, le 6 août, que les opérations initiées par la diaspora algérienne devaient obtenir une autorisation préalable, le ministère de la Santé étant le « seul et unique destinataire » des dons recueillis, chargé de leur répartition, avant de se raviser tant les protestations des Algériens étaient vives.
« Le régime n’avait rien prévu, il est dépassé et c’est la société civile qui s’est organisée, d’abord sur place puis en lien avec la diaspora via un réseau d’associations partenaires », peste Samir Yahyiaoui, figure de la société civile algérienne.
Depuis plusieurs semaines, l’Algérie est confrontée à une double crise: une poussée épidémique du variant Delta et la propagation inquiétante de feux de forêts dans le nord-est du pays, sur les hauteurs de la Kabylie, une région qui revendique son autonomie.
Au moins 71 personnes ont péri depuis lundi dans ces incendies avivés par la chaleur extrême, selon le dernier bilan des autorités qui dénoncent une origine « criminelle ».
🚨L’Algérie souffre
Le COVID remplit les hôpitaux qui ont du mal à suivre, sans compter les nombreux incendies…
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— RAPLUME (@raplume) August 12, 2021
La Kabylie vit des moments très difficiles avec des incendies gigantesques, des dégâts énormes et de nombreuses victimes. Il est incompréhensible et scandaleux que le Président Algérien refuse l’aide internationale et abandonne cette région. Une répression qui ne dit pas son nom?
— Jean-Christophe Lagarde (@jclagarde) August 12, 2021
Le coeur en cendres quand la Kabylie brûle. Il est temps de créer une force d’intervention de sécurité civile des États riverains de la Méditerranée.
— Jean-Luc Mélenchon (@JLMelenchon) August 11, 2021