Née le 18 août 1938 à Dar El-Barka (sud), Aissata Kane, mère de cinq enfants, est morte le 10 août dans un hôpital de Nouakchott.
Sa nièce, Ball Halimata Dem, a déclaré à l’AFP que sa tante avait "réalisé toutes ses passions avec humilité, courage et détermination. Elle tenait à ne déranger personne par son combat sur tous ces fronts à la fois".
Ismaïl Ould Bedda Ould Cheikh Sidiya, Premier ministre mauritanien, plusieurs de ses ministres, des chefs religieux et des représentants d’associations ont participé à ses funérailles.
L’association "Maurifemmes" a souligné sur son site "le rôle éminent joué par Aissata Kane dans la généralisation de la scolarisation des filles en Mauritanie et son combat pour les droits de la femme pour lesquels elle s’est dépensée sans compter".
Pour Mohamed Fall Ould Oumeir, directeur du journal La Tribune, "Aissata Kane a incarné l’émancipation de la femme mauritanienne, faisant émerger un féminisme islamique progressiste et très constructif".
Aissata Kane a été l’une des premières femmes scolarisées de Mauritanie, faisant ses études à Saint-Louis, alors capitale du Sénégal et de la Mauritanie.
Après des études de sociologie à Bruxelles, elle regagne son pays en 1960, à son indépendance: elle y fonde l’Union nationale des femmes de Mauritanie (UNFM) et adhère au Parti du peuple mauritanien (PPM), parti unique à l’époque.
Le premier président mauritanien, Moktar Ould Daddah, la nomme ministre de la Promotion de la famille et de la femme en 1975, poste qu’elle occupera jusqu’au coup d’Etat de 1978 qui renversa le président Ould Daddah.
C’était la première fois qu’une femme est nommée ministre dans ce pays musulman et traditionnaliste.
Elle contribue à son poste à améliorer de manière significative les droits des femmes de son pays.
Le putsch de 1978 l’éloigne de la vie politique mais elle n’en abandonne pas pour autant son combat national et international pour les droits de la femme, "sans violence et sans excès", disait-elle.
En 1988, elle participe à Paris à la création de l’Association internationale des femmes francophones (AIFF). Elle a également fondé et dirigé la revue "Mariemou" consacrée à l’émancipation de la femme mauritanienne.
Aissata Kane était aussi une écologiste convaincue et présidait une association mauritanienne pour la protection de l’environnement.
Une rue de Nouakchott avait été baptisée de son nom avant son décès.