Tunisie: le gouvernement juge « inadmissible » la persistance des grèves sauvages

Le porte-parole du gouvernement tunisien, Samir Dilou, a dressé samedi un tableau sombre de la situation économique, jugeant "inadmissible" la persistance des grèves et sit-in sauvages qui ont porté de graves préjudices à plusieurs secteurs d’activité.

Lors d’une conférence de presse, M. Dilou a recensé 513 grèves déclenchées au cours de l’année écoulée, dont seulement 164 étaient légales. Il a qualifié les autres d’"arbitraires".

Selon lui, ces perturbations ont causé à l’Etat un manque à gagner évalué à 2,5 milliards de dollars (deux milliards d’euros), ce qui équivaut à la perte de 100.000 emplois.

Le secteur des phosphates, dont la Tunisie est le 5ème producteur mondial, a été le plus touché. La Compagnie des phosphates de Gafsa (CPG) a enregistré une baisse considérable de ses revenus qui sont passés de 825 millions de dinars tunisiens (MDT) en 2010 à 200 MDT en 2011 (de 410 à 100 millions d’euros environ).

L’arrêt de la production des mines de Gafsa a, de surcroît, a empêché la CPG de tirer profit de la hausse enregistrée par les prix du phosphates sur le marché mondial, a-t-il déploré.

"Aujourd’hui, la compagnie est menacée de perdre ses marchés traditionnels dans plus de 100 pays, dont la Turquie qui importe 90% de ses engrais de Tunisie, l’Europe et l’Inde (30", a-t-il averti.

De son cô té, le Groupe chimique tunisien (GCT) a dû importer 50.000 tonnes d’ammonite dont il était exportateur, accusant une perte chiffrée à 80 MDT (40 millions d’euros).

En plus de la chute sensible enregistrée par le secteur touristique, l’un des piliers de l’économie tunisienne, les grèves ont poussé 120 entreprises, dont une quarantaine étrangères, à fermer.

Il a résumé la détérioration de la situation économique par un déficit de 4,8% du PIB, une aggravation de l’inflation à 4,4%, soit "le plus fort taux enregistré au cours des cinq dernières années", et un rétrécissement des réserves de la banque centrale à 147 jours d’importation contre plus de 300 jours en 2010.

Tout en proclamant l’attachement du gouvernement au droit de grève et à la liberté d’expression, il a fait valoir que ces mouvements "ne doivent pas porter atteinte à l’intérêt du pays et à l’économie nationale".

"Nous devons concilier entre ces droits et la reprise de la machine économique", a-t-il préconisé, en brandissant le recours à l’application de la loi "pour ne pas être accusés de faiblesse et d’incapacité de prendre les décisions appropriées"

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