Le Maghreb sans le Maroc, une autre illusion algérienne

Une certaine stratégie pour tenter d’isoler le Maroc est à l’œuvre depuis un certain temps. Celle qui consiste à créer une structure maghrébine sans le Maroc. Elle est pilotée aujourd’hui par le régime algérien aidé par le président tunisien Kaïs Saïed dont la subsistance politique dépend aujourd’hui entièrement d’Alger.

Dans l’actuelle vision algérienne du Maghreb, le Maroc n’existe pas. D’où ces tentatives ratées de mobiliser les pays de la région pour tenter d’isoler le Royaume. Plus le régime algérien verse dans cette vision, plus il montre au monde à quel point sa ligne est rongée par un désespoir verrouillé sur les échecs qui dynamitent les opportunités de coopérations régionales.

En effet, ce n’est un secret pour personne. Une certaine stratégie pour tenter d’isoler le Maroc est à l’œuvre depuis un certain temps. Celle qui consiste à créer une structure maghrébine sans le Maroc. Elle est pilotée aujourd’hui par le régime algérien aidé par le président tunisien Kaïs Saïed dont la subsistance politique dépend aujourd’hui entièrement d’Alger.

Cette idée d’un Maghreb sans le Maroc n’est pas nouvelle. Elle  date de la période du président Bouteflika. À cette époque, un des clans militaires qui sous-traitait le leader islamiste tunisien Rached El Ghanouchi l’avait chargé de la diffuser, à la fois comme un ballon d’essai et aussi comme une provocation. Parce que le régime algérien de l’époque était dans la stratégie du statut quo, cette proposition provoqua une curiosité limitée, voir un hochement d’épaules indifférent.

Aujourd’hui, le régime de Abdelmajid Tebboune, qui se distingue par une défiance à l’égard du Maroc sans commune mesure comme le montre la rupture unilatérale des relations diplomatiques et la fermeture de l’espace aérien entre les deux pas, reprend à son compte toutes les idées qu’il estime susceptibles d’affaiblir le voisin marocain. Il a profité de la dépendance économique et politique qu’il exerce sur le voisin tunisien pour l’embrigader dans cette aventure, comme du chaos libyen. Mais si un représentant de ce pays a bien assisté à cette réunion tripartite, ce n’est pas pour autant que la partie libyenne cautionne une UMA-bis. Le Conseil présidentiel libyen a pris soin de préciser que son pays entretient « de bonnes relations, sans exclusive, avec tous les États frères du Maghreb arabe, dont elle soutient l’intégrité territoriale et la souveraineté, et appelle au règlement des différends au sein de l’UMA à travers le dialogue constructif ».

Le régime algérien a également échoué à convaincre les autorités mauritaniennes à se joindre à cette conjuration. Nouakchott ne voit pas de Maghreb sans la Maroc et plutôt d’accompagner ces turpitudes, la Mauritanie a préféré s’abstenir. Pour se défendre d’avoir d’aussi noires desseins, la propagande algérienne et tunisienne tentent de se persuader que de telles rencontres n’ont pour but que la nécessité de mobiliser les énergies communes pour lutter contre l’immigration clandestine en provenance des pays subsahariens.

Mais cette imposture ne trompe personne. L’idée maléfique derrière ce projet est de créer une nouvelle structure maghrébine régionale pour pouvoir dans un second temps permettre l’adhésion de la fantomatique RASD et tenter par ce biais de compliquer la démarche onusienne qui se prépare à délivrer une solution acceptable à ce conflit. La stratège algérienne vise à montrer que le régime d’Alger n’est pas seul à la refuser et qu’un regroupement régional s’y oppose aussi.

Or, cette politique a échoué. Ni le partenaire tunisien n’est fiable. Ni l’interlocuteur libyen n’est convaincu. D’autant plus qu’il y a une difficulté manifeste à convaincre les opinions du Maghreb ainsi que les acteurs de la région, pays européens, africains et arabes qu’on peut sérieusement tenter de créer une dynamique maghrébine sans le Maroc et la Mauritanie. La tentative était vouée à l’échec dès le départ et il n’en restera que des postures artificielles et des discours de circonstances qu’une actualité galopante fera vite oublier.

Dans cette séquence, le Maroc joue aujourd’hui les témoins distants. Sa doctrine est que si les pays du Maghreb veulent sérieusement relancer leurs efforts unitaires et renforcer leurs synergies économiques, il existe déjà une structure politique validée par les cinq Etats du Maghreb qui s’appelle l’Union du Maghreb Arabe (UMA). Pourquoi dès lors abandonner un cadre existant, consensuel et historique pour se lancer dans des aventures fragmentées, si ce n’est avec des arrière-pensées de divisions et d’hostilités.

La stratégie du régime algérien de morceler davantage la région et de paralyser l’UMA au nom de la défense du séparatisme du Polisario est vouée à l’échec. De la même manière que l’Union européenne a été renforcée dans ses fondamentaux par le moteur franco-allemand, de la même manière la dynamique maghrébine ne peut absolument pas se passer l’axe Maroc/Algérie qui est la véritable dynamo de toute ambition maghrébine sérieuse. Pour cela il est impératif que le régime algérien change de logiciel et de perception des enjeux de la région.

Cela apparaît aujourd’hui comme peine perdue. Tant ce régime fait de la détestation du Maroc l’alpha et l’oméga de sa politique nationale et internationale, comme en témoigne l’affaire des tenues du club RSBerkane, dont le simple maillot officiel floqué de la carte intégrale du Maroc a créé un séisme au sein de l’appareil politico-militaire d’Alger. Donc à défaut d’un changement, l’ensemble de la région continuera à vivre une terrible séquence d’occasions manquées.

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