La célébration de la journée du 8 mars offre l’occasion d’évoquer certains projets soutenus par des institutions internationales au profit des femmes dans le monde, notamment dans le contexte post-pandémie Covid-19. C’est le cas du projet FLOWER, soutenu par l’Union pour la Méditerranée (UpM) et qui a comme leader une organisation basée au Maroc sous le nom “ES.Maroc.org”.
Dans trois questions à la MAP, la cheffe de l’initiative FLOWER au Maroc Asmaa Kherrati explique la teneur du projet et ses perspectives.
En quoi consiste le projet FLOWER ?
Le projet « FLOWER » (Fostering Local Market Opportunities for Women’s Empowerment and Resilience), financé par l’Union Pour la Méditerranée et mis en place par l’association “Es.Maroc.org”, avec ses partenaires, vise à renforcer l’autonomisation et la résilience socioéconomique des femmes travaillant dans les zones rurales au Maroc et en Tunisie face à d’éventuels chocs futurs en les soutenant dans des modes économiques plus inclusifs et plus durables.
Les deux régions cibles sont Rabat-Salé-Kénitra et Tanger-Tétouan-Al Hoceima. Ces zones couvertes par le projet ont été choisies en prenant en considération les répercussions qui assombrissent les activités économiques des groupements de productrices, particulièrement touchées par la crise sanitaire, la difficulté d’accès aux marchés à l’étranger et la participation aux Salons, compte tenu des restrictions de déplacement dictées par les mesures sanitaires.
Le projet arrive suite à la crise de la COVID-19. L’action proposée est en ligne avec l’objectif d’atténuer l’impact de la pandémie sur les populations vulnérables mais aussi de consolider leurs capacités à faire face à des situations de crise de manière plus durable.
Elle est composée de plusieurs activités et plusieurs phases, dont la première a été la réalisation d’un diagnostic préalable qui a permis de connaître la situation de l’impact dans les deux régions pour établir un plan d’action ciblé basé sur l’évaluation des besoins détectés. Il s’est avéré que les populations organisées en coopératives ont été moins impactées que celles non organisées.
Donc, pour les unes, il fallait les organiser en coopératives et pour celles qui sont organisées, il fallait les renforcer et les consolider à travers des formations ciblées axées sur la gouvernance, la gestion, le leadership féminin, l’éducation financière, la commercialisation, l’éducation financière et le marketing digital, les canaux de distribution, les techniques d’emballage, l’hygiène et la sécurité alimentaire et les normes de qualité.
Le projet cible au moins 300 femmes rurales qui font partie de groupes productifs au Maroc et 10 jeunes actifs qui ont bénéficié du renforcement de leurs compétences en gestion, gouvernance et éducation financière pour accompagner les femmes rurales et transmettre les compétences et qui sont le lien avec les territoires et les références pour les groupes de femmes même après la fin du projet.
Les objectifs quantitatifs du projet ont été largement dépassés (de 300 bénéficiaires on est arrivé à plus de 1000 femmes au Maroc et un total de 102 coopératives) mais nos réels objectifs restent qualitatifs conformément aux principes et valeurs de l’association visant la pérennisation des projets accompagnés pour le renforcement de l’autonomisation des femmes en milieu rural à travers des organisations démocratiques leur permettant de contrôler leur destin et participer activement au développement local.
Quelle évaluation faites-vous de l’appropriation du projet par les femmes marocaines ?
Nous parlons de femmes qui avaient l’habitude de travailler quotidiennement soit de manière informelle soit au sein de leur coopérative et se sont retrouvées sans travail du jour au lendemain.
Les femmes marocaines impliquées ont une limite d’autonomie qui revient à l’aspect culturel dans notre pays. Cependant, les femmes se réjouissent d’avoir eu au moins l’opportunité de produire et de vendre et changent leurs perceptions. Ce qui compte le plus pour elles c’est l’amélioration de la qualité de la vie familiale. La dualité de la coopérative en tant qu’association de personnes et comme entreprise agissant sur un marché donné a multiplié ses contraintes, qui étaient de nature interne, liées à la gouvernance et au manque d’expérience dans le domaine de la gestion, les certifications et labellisations et externes liées à la concurrence et au financement ainsi qu’à la commercialisation et au marketing digital pour s’ouvrir au marché local, national et international. A noter que certaines femmes ont créé leurs coopératives sans études ni accompagnements préalables. Les formations reçues dans le cadre du projet ont constitué pour ces coopératives une nouvelle opportunité de démarrage et pour les femmes une possibilité d’ouverture vers ce nouveau marché en explorant des alternatives liées au marketing digital et une communication plus efficace ainsi qu’ une opportunité pour améliorer leur gouvernance au sein de la coopérative et augmenter leur leadership.
Les femmes marocaines ont bien apprécié cette initiative et elles sont les premières à diffuser l’information auprès de leurs localités, cela nous a amené à créer un réseau énorme dans les régions ciblées et à recevoir une plus grande demande de participation qui sera la base pour augmenter l’impact de ce projet dans les années à venir.
Le projet FLOWER répond parfaitement aux besoins des femmes ciblées et il constitue une vraie opportunité pour s’adapter au marché actuel, formaliser le travail informel, renforcer les capacités des coopératives, rendre plus consciente et leader la femme marocaine ainsi que pouvoir faire ressortir les familles d’une situation de vulnérabilité due à la pandémie.
Le projet Flower vise la sensibilisation des femmes à leurs droits socio-économiques, mais est ce que de l’autre côté, c’est-à-dire les employeurs vous sentez qu’il y a cette prise de conscience ?
Les coopératives sont contrôlées démocratiquement par leurs membres, elles permettent à ces femmes de produire collectivement, diminuer, améliorer la qualité des produits et partager équitablement les fruits de leur travail. Il s’agit d’une concrétisation des femmes de leur droits sociaux économiques puisque elles sont ouvrières et patronnes au sein de leurs coopératives, il ne s’agit pas d’un emploi salarié mais d’un auto-emploi. Ces femmes contrôlent leur destin économique et social à travers des institutions démocratiques où elles disposent d’un pouvoir de décision. Donc nous pouvons dire qu’il y a une prise de conscience collective par tous les membres des coopératives qui ont été impliqués.