Les options militaires dont dispose Washington vont d’un tir de missile à partir d’un navire de guerre croisant au large des côtes syriennes – le scénario a priori le moins compliqué – à une opération de grande envergure visant à imposer une zone d’exclusion aérienne.
La pire des options, aux conséquences imprévisibles, serait d’avoir à envoyer sur le terrain des milliers de GI’s pour sécuriser les stocks d’armes chimiques syriennes.
Barack Obama s’est jusqu’à présent opposé à des initiatives bien moins risquées, comme les livraisons d’armes aux rebelles, mais il est désormais attendu au tournant, maintenant que la Maison blanche a estimé que Bachar al Assad avait probablement franchi une "ligne rouge" en utilisant des armes chimiques.
"Je pense que chacun d’entre nous (…) reconnaît que nous ne pouvons pas rester passifs et permettre l’utilisation systématique d’armes telles que des armes chimiques contre des populations civiles", a reconnu vendredi le président américain après un entretien avec le roi Abdallah de Jordanie.
Pour autant, à peine sorti du bourbier proche-oriental en Irak et en Afghanistan, le Pentagone n’a guère envie d’y replonger. Or, le principal conseiller militaire de Barack Obama, le général Martin Dempsey, a prévenu le mois dernier qu’il ne voyait pas en Syrie d’option militaire avec une "issue identifiable".
"Il y a un gros travail d’analyse à faire avant de prendre des décisions importantes qui (nous) rapprocheraient de l’option militaire", a résumé un responsable américain à Reuters.
Une telle prudence est compréhensible après le fiasco de l’intervention en Irak sur la base de renseignements erronnés sur la présence d’armes de destruction massive. Le Pentagone lui-même ne cesse d’insister sur les risques d’une implication dans le conflit syrien.
L’option la moins "engageante" serait une frappe ciblée contre les unités de l’armée loyaliste ou les infrastructures associées à l’utilisation d’armes chimiques. Compte tenu des défenses anti-aériennes syriennes, les stratèges américains privilégieraient probablement dans ce cas des missiles tirés à partir de navires à des frappes aériennes.
"La réponse la plus proportionnée serait une frappe contre les unités responsables, qu’il s’agisse de batteries d’artillerie ou d’aérodromes", estime Jeffrey White, ancien responsable de l’agence de renseignement du Pentagone et spécialiste du Proche-Orient au Washington Institute for Near East Policy.
"Cela montrerait à Assad que l’utilisation de telles armes à un coût, le problème étant que le régime n’a pas eu jusqu’à présent à payer le prix de ses actes."
Nul ne sait cependant si le régime de Damas chercherait à riposter, en ciblant par exemple les intérêts américains dans la région. Washington doit aussi peser les conséquences d’une telle frappe sur ses relations avec la Russie, qui dispose d’une base navale à Tartous et soutient Bachar al Assad.
Une autre option sur laquelle planche le Pentagone est la création de "zones humanitaires" sécurisées près des frontières avec la Turquie et la Jordanie, ce qui impliquerait d’imposer une zone d’exclusion aérienne.
Cette option, qui a la faveur des "congressmen", dont le sénateur républicain John McCain, serait plus lourde à mettre en oeuvre. Elle passerait en effet par la destruction des défenses anti-aériennes et des pièces d’artillerie syriennes dans un périmètre assez large autour des zones en question.
Mais pour les parlementaires américains, elle présenterait l’avantage de fournir aux insurgés un refuge sûr dans lequel ils pourraient s’organiser, tout en permettant aux pays occidentaux d’augmenter leur aide sans craindre qu’elle ne tombe dans de mauvaises mains.
Reste que les responsables américains, à commencer par le secrétaire à la Défense, Chuck Hagel, ne voient pas d’un bon oeil toute initiative qui pourrait les entraîner trop loin dans le conflit.