Sarkozy candidat sur TF1 : pourquoi il ne peut pas dire « oui » à Laurence Ferrari

En mars 1988, François Mitterrand a inauguré un modus operandi que personne n’a (encore) osé imiter : il a déclaré en direct sa candidature à la présidentielle sur le plateau du 20 heures d’Antenne 2. Février 2012 : sur TF1, Nicolas Sarkozy compte bien endosser officiellement les habits de président-candidat. Comment fera-t-il pour ne pas apparaître comme un imitateur de son prédécesseur socialiste ?

Sarkozy candidat sur TF1 : pourquoi il ne peut pas dire
Ce soir, sur TF1, Nicolas Sarkozy va présenter sa candidature à l’élection présidentielle. Il sera interrogé par Laurence Ferrari. Après Mitterrand en 1988, il est le second président sortant de l’histoire à annoncer qu’il est candidat à sa réélection sur le plateau d’un journal télévisé. Et justement, compte tenu de ce précédent, une difficulté particulière se présente à lui.

En 1988, les plus de trente ans s’en souviennent parfaitement, en réponse à une question d’Henri Sannier, Mitterrand avait annoncé sa candidature de la plus simple des manières, en répondant par un "oui" tout à la fois pudique et sensible, timide et hésitant, déterminé et volontaire. Subtil équilibre de ton et de forme, qu’il serait impossible aujourd’hui de reproduire pour Nicolas Sarkozy, tant il est loin – dans le fond comme dans la forme, les deux étant indissociables – de ce que fut le président Mitterrand.

La difficulté de Nicolas Sarkozy est la suivante : sachant que la première question de Laurence Ferrari ne peut être que : "Êtes-vous candidat à l’élection présidentielle ?", il lui faut imaginer une autre réponse que le "oui" immortel de François Mitterrand à Henri Sannier et Paul Amar, faute de quoi il apparaîtrait comme un piètre imitateur, un "copycat" sans épaisseur, alors même que les commentateurs s’accordent à juger son choix d’un JT de TF1 pour se déclarer comme convenu, prévisible et surtout sans prise de risques…

À partir de cette donnée simple, les différentes hypothèses se présentent aisément :

– L’entretien peut commencer par une autre question. Ce qui sous-entend qu’il y aurait eu une sorte de construction commune du fil de l’interview à dérouler.

– Il peut répondre autrement que par oui. Brièvement : "Évidemment", "Certainement". Ou d’une formule : "Parce que je sais quelles sont les épreuves qui attendent le peuple français", "J’ai toujours dit que je ne déroberais pas", etc., le tout pouvant se conclure par : Je suis donc candidat."

– Il peut enfin opter pour une annonce préalable, via son nouveau compte Twitter, du style : "Ce soir dans le journal de 20 heures sur TF1 je dirai pourquoi je suis candidat", ce qui créerait un buzz un peu plus moderne que le simple passage dans un JT traditionnel et permettrait d’entamer l’entretien différemment.

Nous serons fixés ce soir et verrons alors quel choix sera celui du président sortant. Ce débat autour de la forme de l’annonce, donc du fond de la campagne, n’est pas anecdotique. Pour un président sortant dont la défaite est plus que prévisible, elle est même cruciale.

*Chroniqueur politique

Laisser un commentaire

Votre adresse email ne sera pas publiée.

Ce site Web utilise des cookies pour améliorer votre expérience. Nous supposerons que vous êtes d'accord avec cela, mais vous pouvez vous désinscrire si vous le souhaitez. J'accepte Lire la suite