Mustapha Tossa pour AtlasInfo.fr
Les braises de la grande négociation de Vienne sur le nucléaire iranien fument encore que déjà Paris décide de prendre le chemin de Téhéran. Elle n’est pas la seule. Allemands, Américains l’ont déjà précédé. La saison de la course au gâteau iranien, la chasse aux gigantesques contrats d’un pays qui s’apprête à sortir de l’isolement internationale est ouverte. Et il est prévu que la capitale iranienne, jadis terrifiant antre de l’axe du mal, connaisse un des embouteillages diplomatiques les plus denses depuis des décennies.
La visite de Laurent Fabius le 29 juillet en Iran a été précédée par une conversation téléphonique très remarquée entre le président iranien Hassan Rohani et son homologue français François Hollande. Une phrase a concentré toute l’attention. La France veut enrôler les Iraniens dans la résolution des conflits de la région. La crise syrienne en tête. Et l’on ne sait si cette phrase fait partie des nouvelle exigences françaises ou s’il s’agissait d’un vœu pieux comme la langue diplomatique sait en fabriquer. Car personne n’ose imaginer un instant qu’après l’avoir soutenu pendant des années, les iraniens vont lâcher leur allié Bachar al Assad maintenant qu’ils ont signé un accord qui les sort de l’isolement et renforce leur puissance régionale.
Ce geste fait partie de la panoplie de symboles destinés à préparer l’opinion à un tournant qui amorce le retour progressif à la normale des relations tendues entre Français et Iraniens. Et pour cause. De tous les pays qui ont parrainé la naissance difficile du compromis sur le nucléaire iranien, La France, volontaire porte-voix des craintes des pays du golfe et des angoisses israéliennes, a été la puissance qui a joué le trouble fête, du point de vue iranien, jusqu’à la dernière minute.
Face à cette posture, les observateurs prédisaient une revanche iranienne qui se traduirait par la mise à l’écart des sociétés françaises des contrats juteux du prometteur marché iranien. Sombre prédiction mais sans doute exagérée. Au nom de la realpolitik qui met les intérêts nationaux au dessus de toute autre considération, la France a donc repris le chemin de Téhéran. L’ambition française, somme toute légitime, est de capitaliser ses postures sur tous les fronts. En espérant réussir là où les américains ont jusqu’à présent échoué…faire bouger les lignes de la stratégie iranienne de manière à l’expurger de la dose de subversion qui fait tant peur à ses voisins.