Quand la crise libyenne devient une affaire franco-française
Après un long silence, François Hollande n’a pu s’empêcher d’adresser des piques à Nicolas Sarkozy sur la Libye. Sans doute le faisait-il régulièrement en privé, mais c’est la première fois où il charge avec une telle tonalité la décision de démanteler le régime libyen sans avoir pris le soin de préparer l’après, ce qui donne cette impression que la crise libyenne est en train de se transformer aussi en enjeu de politique interne française.
Par Mustapha Tossa
La sortie de François Hollande sur la gestion de la crise libyenne de son prédécesseur a été fraîchement accueillie par l’opposition qui ne s’est pas gênée de pointer ses arrières pensées politiciennes et de rappeler que la gauche, qui avait porté François Hollande au pouvoir, avait voté l’intervention de la France en Libye lors d’un débat à l’Assemblée nationale le 12 juillet 2011. Et d’enfoncer le clou en soulignent une vive discourtoisie politique: "Il n’est pas convenable qu’un président de la République en fonction, s’exprimant de surcroît à l’étranger, impute la responsabilité d’une crise internationale à son prédécesseur" est devenu le slogan de la droite pour qualifier le comportement de François Hollande.
La crise libyenne a de fortes chances de continuer de s’imposer dans le débat politique français. La diplomatie française est activement engagée sur le plan international à arracher un consensus onusien pour autoriser des frappes militaires qui visent le démantèlement des réseaux de l’immigration clandestine qui ont fait de la Libye leur plateforme principale. L’opposition à François Hollande aura ainsi l’occasion de jauger de degré de son efficacité et de son engagement à « réparer » les erreurs de son prédécesseur Nicolas Sarkozy.