L’ancien président américain Jimmy Carter, Prix Nobel de la Paix en tant que parrain de la paix israélo-égyptienne, a déploré la semaine dernière à Jérusalem "le retrait de l’influence américaine" sur le conflit israélo-palestinien sous l’administration Obama.
"La politique américaine depuis deux ou trois ans a consisté en un retrait rapide de toute forme de controverse" avec le lobby favorable au Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et "maintenant l’Amérique a une influence zéro sur les deux parties", a asséné M. Carter, en disant avoir peu d’espoir d’une "résurrection" de cette influence.
L’ensemble des analystes, israéliens comme palestiniens, prévoient également une continuité à Washington, quel que soit le résultat de l’élection du 6 novembre.
"Ce n’est un secret pour personne que Netanyahu semble préférer une élection de Romney", reconnaît Peter Medding, politologue à l’Université hébraïque de Jérusalem, "mais la véritable question pour Israël est la sécurité et la défense, indépendamment de qui il veut".
"Il y a beaucoup de preuves de ce qu’a dit (le ministre israélien de la Défense Ehud) Barak à maintes reprises, ainsi que bien d’autres, que Barack Obama en a fait plus pour la sécurité d’Israël, et fourni davantage d’équipement, que l’on ne le perçoit souvent dans ce pays", remarque-t-il.
"Il y a un consensus sur le fait que la relation personnelle entre Netanyahu et Obama n’est pas bonne, mais il faut aussi examiner ce qu’Obama et son administration ont fait", insiste Peter Medding, en allusion aux livraisons de matériel militaire et au blocage de la demande d’adhésion d’un Etat de Palestine à l’ONU.
"Usage de la force contre l’Iran"
M. Netanyahu "préférerait Romney, parce que les relations avec Obama étaient tendues, qu’il ne sentait pas assez de coopération", approuve Eytan Gilboa, spécialiste des relations israélo-américaines à l’Université Bar Ilan, "mais même si Obama l’emporte, il ne changera pas fondamentalement les relations américano-israéliennes".
Il voit néanmoins une différence dans l’attitude des deux candidats face à la présumée menace nucléaire iranienne, hantise de M. Netanyahu, qui a publiquement croisé le fer avec le président américain sur ce sujet, attitude inaccoutumée pour un Premier ministre israélien.
"Obama est opposé à tout usage de la force par Israël et n’y aura pas recours lui-même" contre Téhéran, estime Eytan Gilboa. "Romney n’utilisera pas la force lui-même mais laisserait Netanyahu lancer une action militaire s’il le décidait".
Selon un sondage publié en octobre, 51,5% des Israéliens pensent qu’une victoire de Romney servirait davantage les intérêts d’Israël qu’une réélection d’Obama, contre 24,8% de l’avis opposé.
De leur cô té, les Palestiniens sont frustrés par les atermoiements de l’administration Obama face à la colonisation israélienne et ses pressions contre leurs entreprises à l’ONU.
Mais ils espèrent surtout limiter les sanctions promises par Washington après le vote, prévu en novembre, d’une résolution de l’Assemblée générale élevant la Palestine au rang d’Etat non membre.
Le président palestinien Mahmoud Abbas a ainsi écrit en octobre à Barack Obama pour l’assurer de sa volonté de reprendre les négociations de paix avec Israël aussitô t après ce vote.
"Tout le monde sait bien que la position des Etats-Unis est de soutenir Israël, quel que soit le nom du prochain président américain. Et tout le monde sait bien aussi qu’il n’y a aucune pression arabe sur la politique américaine en ce qui concerne le conflit israélo-palestinien", estime Muhannad Abdel Hamid, un écrivain et analyste politique palestinien.
Selon un sondage réalisé en septembre, une majorité absolue de Palestiniens (51%) considèrent qu’une victoire d’Obama sur Romney, qui leur a imputé l’échec du processus de paix, ne changerait rien à leur sort.
Source AFP