Et depuis, la crise égyptienne et l’onde de choc réformatrice qui secoue le monde arabe ont imposé à Nicolas Sarkozy un traitement plus sérieux. Le président français a fait le constat européen que toute cette lame de fond qui travaille les sociétés maghrébines finira fatalement par rejaillir sur la rive Nord de la Méditerranée. Les images de l’île italienne Lampedusa accueillant des foules de jeunes tunisiens quittant leur pays à la recherche de l’eldorado européen n’avaient fait qu’augmenter les craintes et confirmer les choix présidentiels déjà esquissés lors de ses grandes discours sur la nécessité de créer une ensemble politique et économique méditerranéen.
Deux actions diplomatique majeures trahissent les « nouvelles » orientations de la diplomatie française à l’égard du Maghreb. D’abord la nomination de Jean-Pierre Raffarin comme le Monsieur « Algérie » de Nicolas Sarkozy. L’ancien Premier ministre de Jacques Chirac a été dépêché à Alger pour rencontrer le président Abdelaziz Bouteflika et lui proposer un partenariat industriel. Jean-Pierre Raffarin est revenu d’Alger enthousiaste à l’idée d’ouvrir de nombreux secteurs de l’économie algérienne aux entreprises françaises les plus performantes. La preuve et signe de la possible détente, cette annonce livrée comme un triomphe dès son retour à Paris par Jean Pierre Raffarin : « On prévoit une usine Renault pour le marché algérien. Environ 100.000 voitures »
Le constat fait par Nicolas Sarkozy et relayé par Jean Pierre Raffarin est que la création d’emploi dans ces pays à travers la mise en valeur de leurs richesses pourrait participer à baisser les décibels de la tension sociale.
Sur le plan international, Jean Pierre Raffarin est d’abord connu pour être l’homme des entreprises françaises auprès des autorités chinoises. Que Nicolas Sarkozy l’ait choisi pour dialoguer et percer l’opacité des autorités algériennes est une reconnaissance de son talent de lobbyiste efficacement déployé à Pékin.
La seconde action de Nicolas Sarkozy à l’égard de cette région fut de dépêcher deux ministres, Christine Lagarde à l’économie et Laurent Wauquiez aux affaires européennes pour prendre langue avec les nouvelles autorités tunisiennes. Même si ce déplacement fut écrasé par la polémique autour de Michelle Alliot-Marie, ministre des affaires étrangères, presque interdite de séjour en Tunisie, l’accent voulait être délibérément mis sur l’aide économique de Paris et de Bruxelles à la transition démocratique tunisienne.
Si à Alger comme à Tunis, Nicolas Sarkozy semble avoir choisi la clef économique pour rehausser l’apport français, à l’égard de la Libye de Mouammar Kadhafi, la confusion est totale. D’autant plus que le président français est obligé de gérer l’effet boomerang de sa fastueuse réception du Raïs Libyen en 2007. Plus la Libye s’enfonce dans le bain de sang, plus difficile est la tentative de Nicolas Sarkozy de justifier une telle proximité et de telles concessions.