Marine Le Pen devance Sarkozy dans les sondages

L’onde de choc est terrible. Pour la première fois un sondage publié dans la presse donne Marine Le Pen victorieuse au premier tour de la présidentielle de 2012 devant Nicolas Sarkozy et Martine Aubry. L’image statistique du résultat est inédite au point de susciter un déluge de réactions, les une plus catastrophées que les autres. Car s’il était admis que Marine Le Pen, ayant fait un effort pour se débarrasser ou du moins dissimiler l’habit anti-sémite de son père, était sur une pente ascendante, personne de politiquement sensé ne pouvait l’imaginer caracoler à la tête des sondages et éventuellement y mener la course vers l’Elysée.

Marine Le Pen devance Sarkozy dans les sondages
Une fois encaissé l’effet de cette énorme surprise, trois tendances se déclarent pour la décrypter et la mettre en perspective. La première , la moins alarmiste, estime qu’il s’agit simplement d’un coup éditorial destiné à booster des journaux essoufflés en face d’une concurrence impitoyable. Cette démarche épouse l’air du temps sur lequel naviguent des personnalités médiatiques comme le chroniqueur polémiste Eric Zemmour ou le Journaliste intervieweur Jean jacques Bourdin et qui ont fait de l’art de crever les abcès, de dynamiter le « Politiquement correct » un fonds de commerce bénéfique. Cette tendance présente cet événement comme une bulle vide de sens, qui épouse les contours de la mode du moment et que les vents d’automne vont jeter dans l’oubli.

La seconde tendance est celle de l’opposition de la gauche en général et des socialistes en particuliers. Leurs stratégies du moment est de mettre sur le dos de Nicolas Sarkozy et sa course effrénée pour séduire les électeurs de l’extrême droite, la responsabilité d’un tel danger. N’est-ce pas le président de la république qui avec son débat sur l’identité nationale avait redonné leurs lettres de noblesse aux thématiques du Front National et libéré la parole raciste et xénophobe ? Les luttes intestines pour la succession, les problèmes financiers, les contre performances électorales les avaient confinés sinon dans l’oubli, du moins dans une marge sombre et étroite.

N’est-ce pas Nicolas Sarkozy qui, avec son débat sur l’Islam d’abord, puis sur la laïcité ensuite, redonne des couleurs et de la vivacité aux thèses du Front National ?

La troisième tendance est celle que semble chevaucher la majorité présidentielle. Pour elle, ce risque de voir Marine Le Pen arriver en tête valide la démarche de Nicolas Sarkozy de ne pas laisser au Front National le monopole du traitement de sujets aussi explosif que l’identité nationale, l’insécurité, l’immigration ou la place des religions. En temps de crise économique aigue, amplifiée par les lourdes conséquences qui se profilent avec les révoltes arabes. L’effet de loupe est porté et grossi par le début d’un dangereux déplacement de population vers le Nord si les digues du sud de la Méditerranée lâchent les unes après les autres.

En tout état de cause au-delà de la pertinence d’un tel résultat et sa résistance au temps, une des principales morales de l’histoire est de voir à quel point la popularité de Nicolas Sarkozy demeure verrouillée par le désamour des Français, le président de la république peinant manifestement à retrouver la potion magique pour un retour d’affection et de confiance. Quatorze mois seulement avant le grand scrutin, Nicolas Sarkozy ne semble avoiur d’autres solutions que de se présenter comme le moins grave pour éviter le pire.

(ALM)

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