Redresser les relations entre Alger et Paris est certes une priorité du président français, mais la situation au Sahel et plus particulièrement au Nord Mali qui décidera de l’avenir des relations franco-algériennes.
La France caresse en effet l’espoir de convaincre Alger d’accepter une intervention militaire internationale au Nord Mali, contrôlé par des islamistes extrémistes et autres narcotrafiquants, alors que l’Algérie privilégie une solution négociée au Mali, voire une intervention militaire qui, selon elle, doit être exclusivement africaine.
S’étant autoproclamé le gendarme du Sahel, Alger ne supporte pas de voir d’autres pays, notamment la France, venir empiéter sur son "pré-carré".
Paris, par la voix de son ministre des Affaires étrangères, a pris soin d’assurer qu’il n’y aura pas ni troupes ni forces spéciales au sol, mais plutôt un accompagnement sous forme d’aide logistique.
Mais au Mali, on s’interroge beaucoup sur l’attitude d’Alger. Dans un éditorial, le site Maliweb se pose ainsi la question: " pourquoi une telle attitude à l’endroit du Mali? Pourquoi une telle ingratitude envers un voisin qui a contribué à la lutte de libération du peuple algérien, qui accéda à l’indépendance en 1962. Ce n’est pas le plus Malien des Algériens Abdelaziz Boutéflika, qui dira le contraire. Lui qui a séjourné à Gao, qui a fait passer des armes à la frontière, au vu et au su des dirigeants maliens".
Et à l’éditorialiste d’ajouter que "Ce pays, très riche, militairement puissant, n’a jamais aidé son voisin du Sud à se développer, encore moins à assurer sa sécurité tout au long d’une frontière poreuse. Au contraire, depuis 1990, Alger a favorisé les différentes rebellions au Nord du Mali. Son territoire leur sert de base arrière. Il sert également de site d’approvisionnement en carburant et en céréales pour les bandits armés".
le site Maliweb va plus loin et porte la responsabilité à Alger de transporter son terrorisme sur le sol malien.
Hier, François Hollande, fidèle à ses engagements, a fait un grand pas en direction d’Alger en reconnaissant officiellement le massacre d’environ 200 Algériens lors de la répression d’une manifestation en pleine guerre d’Algérie, le 17 octobre 1961 à Paris. Une initiative saluée par Alger qui se dit "d’accord pour tourner la page sans oublier".
Lors de sa prochaine visite chez Abdelaziz Bouteflika, François Hollande ira-t-il jusqu’à faire repentance? C’est en tout cas ce qu’a toujours exigé Alger des présidents français sans l’obtenir.
Paris espère par ailleurs décrocher quelques contrats économiques juteux avec l’Algérie pour contrebalancer la crise et la récession qui sévissent en France. "Nous attendions beaucoup de cette visite mais nous avons revu nos attentes à la baisse", confie toutefois une source française.
Comme d’autres responsables UMP, François Fillon a critiqué la position du chef de l’Etat. "J’en ai assez que tous les 15 jours la France se découvre une nouvelle responsabilité, mette en avant sa culpabilité permanente", a-t-il dit sur Europe 1.
"On est déjà dans un pays qui est en dépression nerveuse quasi permanente, on n’a pas besoin de ça", a ajouté le candidat à la présidence de l’UMP. "Ce n’est pas au président de la République en permanence de faire ce discours de culpabilité qui vient sur un pays (…) dont vous sentez bien qu’il est fragilisé (…). C’est aux historiens de parler de ces sujets".