L’inauguration devrait avoir lieu début 2012, avec une capacité de 170 000 unités par an, qui devrait rapidement être portée à 400 000 véhicules/an, si le projet d’extension est validé. Ce nouveau dispositif industriel est en effet conçu pour soulager la production de l’usine roumaine de Pitesti, aujourd’hui à saturation (350 000 véhicules par an sortant des chaînes). Relevons aussi les propos de M. Lazar Comanescu, ministre roumain du Commerce, qui affirme que « le Maroc est en mesure de devenir une plateforme de production automobile en Afrique du Nord » et que son pays (la Roumanie) « souhaite inaugurer une nouvelle ère de coopération avec le Maroc ».
Ce projet acquiert donc une véritable dimension internationale, d’autant que les cadres seront formés en Inde, plus précisément sur le site de production de l’Alliance Renault-Nissan de Chennai (nouveau nom de Madras).
Cette usine flambant neuve dispose en effet d’équipements et de technologies dernier cri, à l’image de ceux qui équiperont le futur site de TangerMed. D’après les dirigeants de Renault, ce choix de l’Inde comme pilote de formation montre également la volonté de l’Alliance de faire des nouveaux marchés émergents, dont fait partie le Maroc, sa priorité.
Seul bémol à relever, les tergiversations de Nissan, qui a finalement fait machine arrière et s’est dédit de ses engagements. Pour assurer la réussite du projet, l’Etat marocain, via la Caisse de dépôt et de gestion marocaine (CDG), s’est engagé en se substituant à Nissan, entrant au capital de Renault Tanger Med à hauteur de près de 48%. Il est vrai le montant initial de l’investissement, de l’ordre de 600 millions d’euros, pourrait être rapidement dépassé, pouvant atteindre 800 millions à 1 milliard d’euros en fonction des extensions qui seront décidées.
Les retombées en termes d’emploi sont également très importantes pour la région, avec la création de 6 000 emplois directs et de près de 30 000 emplois indirects. Plusieurs équipementiers automobiles devraient en effet s’installer à leur tour aux environs de l’usine de Meloussa.
Côté produits, deux programmes de production démarreront lors du lancement de l’exploitation, noms de code J92 et K67, commercialisés sous la bannière Dacia. Il s’agit en fait d’un nouveau monospace compact (probablement de type Scenic) et d’une version « low cost » de l’utilitaire Kangoo de la marque Renault. Le constructeur franco-nippon devra veiller à de ne pas cannibaliser ses modèles existants, ce qui implique un positionnement marketing soigné, car on l’a vu, les consommateurs européens sont de plus en plus sensibles à l’argument « prix », surtout en période de crise économique marquée. Notons encore que la marque au losange dispose d’autres projets dans ses cartons, qu’elle évite d’évoquer pour des raisons de concurrence ou d’études de marché toujours en cours…
Cet investissement majeur pour Renault reflète l’excellent niveau de la compétitivité de l’économie marocaine à l’international et l’attractivité des ses coûts salariaux, comme de la formation des techniciens et des ingénieurs. Le coût d’un ouvrier qualifié marocain est en effet de l’ordre de 20% de celui de son homologue français. Enfin, à l’image des zones franches, l’attractivité du site de TangerMed aura été un facteur décisif de l’implantation de Renault, du fait des exonérations de TVA, d’exonération d’impôt sur les bénéfices, de plafonnement des charges, de loyers préférentiels et des subventions à la formation. En dernier lieu, la localisation géographique exceptionnelle du nouveau port permettra à Renault d’exporter ses modèles vers de nombreuses destinations.