C’est une introduction philosophique de la perception de l’art que j’ai préférée mettre en avant afin de mettre en exergue les dimensions de l’art dans le développement du sens et l’essence de la pensée d’une société. Outre son utilité pour la compréhension de l’évolution d’une société, l’art est devenu une sorte de diplomatie. A l’image de la diplomatie des « clubs », l’art, et, depuis des lustres, illustre un autre mécanisme de l’équilibre des idéologies qui mène à l’universalité panacée, qu’il faut dire, contre un risque d’un éveil de choc de civilisation.
Face aux exigences géopolitiques que chaque pays doit faire face, il semble intéressant de concevoir d’autres moyens de s’imposer ainsi que d’asseoir des ponts de communicabilité. Si aujourd’hui il y a un mondialisme imprégné par des conflits et d’antagonisme inégal, un des moyens pour affronter les vicissitudes de ses métamorphoses est de centrer le regard sur un pluralisme culturel capable de contenir les tensions et les conflictualités. Dans ce contexte, il y avait toujours dans les périodes sombres de l’histoire, et, quand l’avenir semble irrémissible, la culture, et dans un sens général l’art, fut le meilleur antidote au désespoir et à la fatalité. L’art, dans ce sens, s’est avéré comme un vecteur d’échange et de la réforme politique. L’ère Elisabéthaine illustre la force du théatre dans la promotion de la cohésion et la promiscuité dans un empire britannique qui fut en désordre. Ainsi, l’art a été toujours capable d’homogénéiser les synergies et faire triompher, à la fin, un modèle de développement pluriel. Dans le même sens, la stratégie américaine s’est basée pour promouvoir sa culture et son modèle, entre autre, sur la chanson. Ainsi, la marque Michael Jackson s’est imbibée dans les maisons, même dans celles des opposants les plus acharnés contre la politique de Washington.
Dans la conception d’une bonne gouvernance on ne peut se contenter de regarder que la gestion publique intérieur d’un Etat mais aussi d’apercevoir les changements extérieurs de cet Etat. C’est le rôle de ce que nous rayonnons et pas de ce que nous entreprenons.
Dans une stratégie rationnelle de promotion d’un pluralisme qui le distingue des autres nations, le Maroc s’élancé dans une perspective de cohabitation des civilisations. En prônant cette façon de concevoir, le marocain a choisi de transformer ce qui constitue le dénominateur commun des sociétés contemporaines, à savoir la méfiance et la haine vis-à-vis de l’Autre, en une force de cohésion et de harmonie entre les peuples.
Le Maroc en affirmant cette voie s’élancé dans la création d’une « marque ». Le festival de Mawazine, le festival de Fès de la musique sacrée ainsi que de nombreux rendez-vous d’ordre culturel de dimension internationale sont des évènements dont la contribution ne se limite pas à l’économie du pays mais, je pense, sont une opportunité pour rayonner le modèle marocain. Un Maroc, qui a su réhabiliter ses forces en puisant dans son riche authenticité sans renoncer à sa force créatrice d’une contemporanéité qui accompagne sa modernité.
La volonté du Maroc ainsi que sa force à rassembler les peuples sous le parapluie de l’art a pu envoyer un message très fort. Sa détermination d’engager l’humanité, le Maroc et avec cette démarche a souhaité que sa volonté engage l’humanité toute entière. C’est une responsabilité qui a faite de notre pays une exceptionnelle terre de paix, de tolérance et que l’Autre, même dans ses incohérences, est l’image du bien. C’est le sens et l’essence de l’humanisme qui tire sa force de l’exceptionnalisme, notre exceptionnalisme : un Maroc cosmopolite.
Dr. Cherkaoui ROUDANI
Académicien et géopolitologue