La Tunisie choisit l’Etat d’urgence pour lutter contre Daech
Après l’avoir refusé, le président tunisien Beji Caïd Essebsi a fini par s’y résoudre. La Tunisie, victime d’un sanglant attentat terroriste à Sousse, le second en quelques mois après celui du Bardo, vivra sous le régime d’Etat d’urgence.
Par Mustapha Tossa
Il est vrai l’Etat d’urgence est loin d’être compatible avec les besoins en matière de liberté et de droits d’une jeune démocratie naissante comme la Tunisie, mais la menace a été jugée suffisamment sérieuse pour valider ce recours. Et ironie de l’histoire, à l’exception de quelques rares voix qui se sont inquiétées de l’impact de ce nouveau tour de vis sécuritaire sur les libertés publiques, l’Etat d’urgence en Tunisie n’a pas l’air d’indigner grand monde. Bien au contraire l’opinion tunisienne semble même avide de mesures qui feraient baisser la tension terroriste et éloigner le spectre de la menace. Et comme pour rassurer les rares inquiets, les autorités tunisiennes ont communiqué sur le fait que l’Etat d’urgence implique simplement une mobilisation plus grande de l’armée dans des tâches de police. L’exercice est prévu pour durer 30 jours renouvelables.
De part sa position géographique avoisinant à l’Est une Libye chaotique, des frontières incertaine avec l’Algérie à l’ouest, de part son expérience politique de transition dite " douce «et "pacifique" d’un vécu dictatorial à une séquence dite démocratique, la Tunisie a depuis longtemps été la cible de menaces terroristes. Comme si ces organisations terroristes ciblaient la Tunisie pour ce qu’elle représente. Sans oublier que sous les effets d’une crise économique endémique doublée d’une gestion sécuritaire défaillante, la Tunisie a battu ce triste record d’être le premier pays arabe fournisseur de djihadistes dans les rangs de l’organisation l’Etat islamique qui menace de réécrire la géographie au Proche- Orient et exporte sa religion de la violence et de la peur à des contrées européennes et africaines.