La grande solitude française sur la Syrie!
En écoutant le Secrétaire d’Etat américain John Kerry affirmer avec calme et résignation la nécessité d’ouvrir des canaux de négociation avec le président syrien Bachar al Assad, le président François Hollande et son ministre des Affaires étrangères Laurent Fabius ont du manger leurs doigts de rage et d’amertume. En écoutant le numéro Un de la diplomatie de l’Union Européenne Frederica Mogherini révéler l’existence de contacts entre Bruxelles et le régime de Damas, les deux responsables français ont avalé de tranchantes couleuvres.
Par Mustapha Tossa
Les attaques contre ces parlementaires furent d’une telle violence, d’une telle détermination qu’elles ont faire taire toutes les voix susceptibles de leur apporter soutien et assistance. Ils étaient très mal vus par le microcosme politique et diplomatique de Paris tous ceux qui montraient la moindre inclinaison à l’hypothétique hypothèse de traiter avec Bachar El Assad. Et jusqu’à ce que les américains, responsables sécuritaires et politiques, parlent et évoquent la nécessité de traiter avec le président syrien, les quatre parlementaires français qui ont osé briser le tabou syrien , donnaient cette impression d’être sinon des loups solitaires qui prêchaient dans le désert, du moins des aventuriers à la recherche d’un coup politique qui leur garantie une visibilité maximale.
C’est dans ce contexte qu’est venue la clarification américaine. Deux remarques s’imposent tout de suite. La première est que la diplomatie française a donné cette inquiétante impression d’être prise de court par ce tournant américain. Ce qui pose encore avec plus d’acuité la question de la collaboration politique et de l’échange d’informations entre deux pays censés être des alliés. Les promoteurs d’une telle impression basent leur argumentaire sur le fait que si le couple Hollande/Fabius avait la moindre idée de ce tournant américain, il aurait arrondi leur verbe diplomatique sur la Syrie pour ne pas se retrouver en porte à faux aussi tranché avec le grand allié américain. Au lieu de cela, Laurent Fabius tire à boulets rouges sur les "normalisateurs" avec Bachar al Assad et François Hollande reçoit en grandes pompes le chef de la coalition nationale syrienne Khaled Khoja et affirme bruyamment qu’il n’est pas question d’ouvrir le moindre canal de négociations avec Assad. Même si selon des d’informations distillés par le journal " Le figaro", des rencontres sécuritaires entre agents français et syriens se déroulent dans l’ombre.
La seconde remarque est que, réagissant à ce qui s’apparente sans aucun doute à un lâchage américain sur la crise syrienne, la diplomatie française semble s’enfermer dans une posture de faucon. En témoigne la réaction et l’argumentaire développé par Laurent Fabius : " La solution ( au conflit syrien) c’est une transition politique qui doit préserver les institutions du régime, pas M. Bachar al Assad ( …) Toute autre solution qui remettrait en selle le président syrien serait un cadeau absolument scandaleux, gigantesque aux terroristes de Daesh (…) Les millions de Syriens qui ont été persécutés par Assad se reporteraient pour soutenir Daesh. C’est évidemment ce qu’il faut éviter."
Cette posture de refus d’ouvrir le moindre canal de dialogue avec Bachar al Assad, assumée par le trio Hollande/Valls/Fabius, met la diplomatie française dans l’embarras si demain les Américains réussissent leur précieux accord avec les Iraniens et voudraient, au nom de la guerre contre Daesh, inclure Damas dans leur stratégie de contenir et stabiliser la région. La France prendra-t-elle le maquis diplomatique, quitte à se transformer en porte emblème de toutes les puissances régionales comme la Turquie, le Qatar et l’Arabie Saoudite ? Ces pays entretiennent toujours ce rêve absolu de voir démanteler la statue de Bachar al Assad à Damas.
Et pour parvenir à ce but, les uns ont fermé les yeux sur l’arrivée massive des mercenaires arabes et occidentaux en Syrie et les autres ont déversé sans compter leurs pétrodollars dans cette opposition armée syrienne dont une aile est devenue le Daesh d’aujourd’hui.
Ce tournant américain, même si le Département d’état et la Maison Blanche, tentent d’en arrondir les angles et d’en amoindrir les effets, est incontestablement une victoire de Bachar al Assad. Il n’aurait jamais pu la réaliser sans deux soutiens de taille qui ont bataillé pour sa survie. Le premier de ces soutiens est le président russe Vladimir Poutine. Échaudé par "la trahison libyenne", le président russe avait fait de l’intervention militaire internationale contre Bachar al Assad un ligne rouge à ne pas dépasser sans créer un chaos généralisé. Le second soutien de Damas sont les Iraniens. Dans leur dialogue politique et stratégique avec l’administration américaine, les Iraniens avaient inclus le dossier syrien. D’où cette grande hésitation US à accélérer sur le levier de la guerre contre Bachar al Assad. Sans oublier que les iraniens ont donné l’ordre aux milices du Hezbollah libanais de participer physiquement à la guerre contre l’opposition syrienne armée. Ce qui a permis au régime de Bachar de tenir et de marquer des points.