L’ensemble de la classe politique française conserva cette tonalité enthousiaste à l’égard de ce qui se passe au Maroc. L’usage des superlatifs qui, en d’autres circonstances, pouvait paraitre comme un excès de courtisanerie, sonne pleinement justifié dans la conjoncture actuelle. Et pour cause. Après avoir raté le train de l’aspiration démocratique arabe, la France par la voix de Nicolas Sarkozy en a vite pris la direction. Elle est militairement impliqué en Libye dans une opération de changement de régime et d’aide à l’installation de la démocratie libyenne. Elle se débat sur la scène internationale pour convaincre les grandes puissances d’agir contre le President syrien Bachar El Assad en vue d’arrêter l’hémorragie de violence qui s’abat sur la Syrie.
Pour la France et Nicolas Sarkozy, le Maroc constitue la preuve vivante qu’un pays arabe peut évoluer pacifiquement vers la démocratie sans être obligé de passer par des ruptures violentes ou des coups d’éclats sanglants comme cela a été le cas de la Tunisie de Ben Ali et l’Egypte de Mubarak. Et comme c’est le cas aujourd’hui au Yemen du President Saleh et la Syrie de Bachar El Assad. Cette pertinente conviction se trouve aussi entre les lignes de nombreux analyses et éditoriaux de la presse française. L’aspiration démocratique dans un pays arabe n’est pas forcement synonyme de passage à l’acte violent, de versement de sang, de production de martyr et donc d’intervention internationale militaire ou diplomatique.
L’expérience marocaine est d’autant plus convaincante qu’alors que le pays était en train de réfléchir à la meilleure manière d’accoucher d’une constitution démocratique , il fut frappé de plein fouet par le terrorisme aveugle. Un attentat comme celui de Marrakech aurait pu casser les volontés le plus puissantes et dérouter l’histoire. Un coup de frein était craint, un retour à la tentation sécuritaire et un abandon de l’aspiration démocratique était fantasmé
Vu de Paris, le Roi du Maroc donne la preuve que la transition démocratique pacifique est surtout une affaire de volonté politique. Avant le discours royal, nombreuses voix débattaient de l’existence ou non d’une exception marocaine. Des manifestations pacifiques au Maroc quand sur d’autres théâtres de contestation, la rue était devenue un terrain de guerre. Une réponse politique rapide et adaptée de la pat de Mohammed VII quand d’autres chefs d’Etat s’enferment dans un autisme meurtrier. Une aspiration démocratique pacifiquement exprimée et rapidement en charge et qui fait du Maroc un des rares pays arabe à enjamber cette dangereuse phase de rupture en toute quiétude en en toute détermination.
Nicolas Sarkozy, qui avait profité de sa présidence du G20 pour convaincre le puissant G8 de financer le printemps arabe, s’impliquera encore plus auprès de pays qui ont fait pacifiquement le choix de la reforme politique. Cet projet constitutionnelle est non seulement susceptible d’instaurer la démocratie au Maroc, d’élargir les marges de libertés, mais il peut par ricochet le transformer en place séductrice de capitaux et d’investissements, autant de facteurs qui peuvent lutter efficacement contre le sous développement et la pauvreté, les terroirs de tous les extrémismes.