Or, cette position de principe devient de plus en plus difficilement défendable. Il est vrai que la tournée européenne du premier ministre israélien Benyamin Nethanyahou n’a pas réussi à arracher la sortie des capitales de l’union de cet accord, mais la stratégie éruptive des faucons iraniens est de nature à donner du grain à moudre à tous ceux qui dans la région, ont décidé de mettre en ligne de mire l’Iran des Ayatollahs. Une agressivité iranienne ouvertement assumée est susceptible d’interroger ce soutien européen indéfectible à cet accord honni par les nombreux et déterminés adversaires de l’Iran.
Contournant cette difficulté, le premier ministre israélien avait affirmé qu’il n’avait pas demandé à ces interlocuteurs européens de se retirer de cet accord, connaissant sans doute d’avance leurs réponses. La nouveauté aujourd’hui est qu’une conviction est installée actuellement selon laquelle la stratégie d’étouffement économique est de nature à faire plier le régime iranien et à le faire venir à la table de négociation pour imaginer un nouvel accord et de nouvelles concessions. Ces dernières ont été régulièrement résumées par le président français Emmanuel Macron très en pointe sur ce dossier. La première est de garantir un non-retour de l’Iran à cette dangereuse activité nucléaire après 2025 date plafond de l’accord de 2015. La seconde est de mettre sous contrôle le programme balistique iranien source d’insomnie sécuritaire pour ses voisins. Le troisième est de contenir cette agressivité iranienne dans la région qui la fait intervenir et nourrir des crises comme la Syrie, le Yémen ou le Liban.
Signe que l’arme économique contre l’Iran est susceptible de peser lourdement sur la balance politique, de grandes entreprises européennes ont déjà commencé à plier bagages en Iran avant même la date fatidique du 6 août qui verra l’entrée en exécution du régime de sanctions imposées par les Américains. Ces entreprises ont anticipé le douloureux choix qu’elles vont affronter : ou rester en Iran et courir le risque de perdre le gigantesque marché américain et tomber sous le coup de la loi américaine, l’exemple de la Banque BNP paris bas est là pour refroidir les enthousiasmes où se retirer et se mettre en conformité avec le nouvelles règles issues de cette volonté américaine d’étouffer économiquement le régime iranien.
Aussi bien face à ces demandes européennes qu’aux conditions formulées par le secrétaire du Département d’Etat américain Mike Pompeo, l’Iran a non seulement fait la sourde oreille mais a ouvertement menacé de se retirer de l’accord en l’absence de garanties économiques européennes. Ces menaces, qu’elles soient le fruit d’une stratégie de riposte mûrement réfléchie où l’étincelle d’une guerre de clans au sein du pouvoir iranien, mettent les avocats internationaux de l’accord dans l’embarras et la contradiction.
Les dernières déclarations du ministre des affaires étrangères français Jean-Yves le Drian soulignent cette gêne. « Cette initiative, a-t-il dit , est assez malvenue. Cela montre une forme d’irritation et c’est toujours dangereux de flirter avec les lignes rouges ». Avant d’enfoncer le clou de la menace pour la séquence à venir : « Si on passe à une étape supérieure, oui l’accord serait rompu. Mais il faut que les Iraniens se rendent compte que s’ils rompent l’accord, alors ils s’exposent à de nouvelles sanctions et les Européens ne pourront pas rester inertes ».
Face à l’escalade verbale iranienne, les européens ont de fortes chances de se trouver en train de lutter contre des moulins à vents dans un tourbillon où il sera difficile de retrouvera une logique politique. Un plaidoyer international pour défendre ce fameux accord honni par les américains, les israéliens et les pays arabes qui se télescope avec une sortie démoniaque du régime iranien qui donne chair à toues les craintes et à toues les angoisses qui ont motivé ce refus et ce rejet de cet accord, accusé de fournir aux iraniens les moyens de leur puissance et de leur agressivité.