L’Algérie sur un volcan (Libération)
Face une opposition ragaillardie par la chute du régime Moubarak, le pouvoir algérien a brandi la menace de la répression. Seule réponse d’un régime gagné par la panique.
Une démonstration de force qui ne peut pas faire oublier que l’Algérie est tout sauf soumise. Pendant six jours, début janvier, des émeutes d’une rare violence ont embrasé simultanément une vingtaine de wilayas (préfectures) et jusqu’au cœur d’Alger dans le quartier populaire de Bab el-Oued. Une augmentation soudaine et inexplicable du prix des produits de première nécessité et l’expulsion de vendeurs ambulants auraient mis le feu aux poudres. Comment aussi ne pas voir pure provocation dans la hausse de salaire de… 50% accordée aux policiers avec effet rétroactif sur trois ans ? L’exaspération des jeunes et le mécontentement populaire sont de toute façon si profonds qu’une étincelle peut tout enflammer. «Le discours officiel est passéiste, s’agace Amazigh Kateb, ancien chanteur du groupe Gnawa Diffusion. Hier, c’était "Nous sortons d’une guerre de libération", aujourd’hui, c’est "Nous sortons d’une guerre contre le terrorisme"…La jeunesse se demande quand est-ce qu’on rentre dans quelque chose ? Quelque chose d’autre qu’un mur du silence, du refus, du déni et de la répression.»
Depuis longtemps, le journaliste Abed Charef alertait : «Face à la désespérance, on assiste à une tentation forte à la violence. On devrait s’en inquiéter.» Elle s’exprime aujourd’hui à l’état brut. Muette. Comme si plus rien n’existait que rage et souffrance chez les laissés-pour-compte de ce pays, qui sort de dix ans de guerre civile et où de nouveaux nababs exhibent avec arrogance leurs fortunes mal acquises.
DES JACQUERIES À RÉPÉTITION
La tentation est grande de voir dans cette explosion – six morts, 900 blessés, 1 000 arrestations – une réplique du soulèvement tunisien ou égyptien que les Algériens suivent avec passion. On en est loin. Ces jacqueries ne sont que les énièmes de ces dernières années – 900 répertoriées en 2010. Tout les déclenche : l’attente infinie d’une conduite d’eau, de gaz ou de logements sociaux souvent attribués à moins nécessiteux, les accidents mortels entraînés par des routes crevassées, les maisons fissurées et l’asthme des enfants provoqué par la poussière et la dynamite employée dans des carrières trop proches.
Alors, quand les plus démunis ou les plus désespérés, jeunes ou moins jeunes, étouffent sous la hogra, ce mépris teinté d’injustice dans lequel les autorités tiennent la population, ils descendent dans les rues, seul moyen d’exprimer leur ras-le-bol. Affrontant les forces de l’ordre, ils caillassent les sièges des administrations comme si celles-ci symbolisaient l’autisme auquel se heurtent leurs revendications. «Jamais personne n’aurait l’idée de crier "Bouteflika dégage", s’amuse Hakim. Ici, le Président est interchangeable.» Cela explique que les contestataires préfèrent le fameux «Pouvoir assassin» surgi en 2001 quand le meurtre d’un adolescent dans une gendarmerie a déclenché le «printemps noir» de Kabylie (132 morts et 5 000 blessés). Un parfait raccourci de la perception que les Algériens ont de ceux qui les dirigent.
Les grandes émeutes d’octobre 1988 n’ont pas dérogé à la règle, rythmées elles aussi par des slogans refusant l’asservissement. A commencer par le célèbre «Nous sommes des hommes, nous sommes des hommes !» Malgré leur terrible bilan – 500 à 800 morts après que l’armée eut tiré, pour la première fois, sur la foule -, ce soulèvement était, il est vrai, celui de l’espoir. «Il a marqué la fin du parti unique et donné naissance au pluralisme politique,même si l’aspiration à une ouverture démocratique n’a pas duré», se souvient Hakim. En janvier 1992, les généraux utilisent en effet habilement la «menace islamiste» pour siffler la fin de la partie. Contraignant le président Chadli à démissionner, ils annulent le premier scrutin législatif pluraliste de l’histoire du pays, remporté par les islamistes.
L’ARMÉE ET SON THÉÂTRE D’OMBRES
Une décennie de guerre commence. Les civils en paient le prix fort, otages des exactions des islamistes armés et de celles, aussi féroces et massives, des forces de sécurité. «Seule une politique de terreur a pu mettre fin à la contestation», résume le chercheur Luis Martinez. Quelque 200 000 morts et 10 000 disparus plus tard, l’espoir n’est plus. La population, traumatisée par la violence de cette sale guerre, aspire à souffler. Bien sûr, la société est plus ouverte que jamais grâce aux réseaux sociaux et aux télés arabes, des créateurs et des compétences nouvelles émergent. Mais dix-neuf ans d’état d’urgence ont cassé les mécanismes de contestation et servi à faire taire les rares voix discordantes. Même si, à l’image des syndicats autonomes, des îlots de résistance existent partout, la société est fragmentée. Le système en exploite tous les clivages pour dresser les Algériens les uns contre les autres : arabisants-francophones, arabes-kabyles, islamistes-«démocrates», tensions ethniques ou tribales.
Le jeu du président Abdelaziz Bouteflika avec les zaouïas exacerbe les tensions : ces confréries religieuses comblent son mysticisme et lui servent de relais auprès d’une partie de la population très imprégnée de maraboutisme. «Le pouvoir ne règne que par la matraque parce qu’il a détruit tout autre système de régulation, sociale et économique, résume un ancien Premier ministre. Il a éliminé les contradicteurs, les empêcheurs de tourner en rond, les opposants. Réfractaire à tout fonctionnement institutionnel, il refuse tout contrôle. L’administration, en dépit de la qualité de très nombreux cadres, n’a plus aucune prérogative. On ne lui demande plus de fournir une expertise qu’elle a du reste beaucoup perdue.»
L’arrogance avec laquelle l’Etat exhibe 150 milliards de dollars (110 milliards d’euros) de réserves de change montre le gouffre entre le pays officiel et les difficultés d’une société dont des pans entiers meurent de faim et d’une jeunesse qui crève en plus d’ennui. La débrouille y fait office de salut, et des centaines de harraga – littéralement «ceux qui brûlent» leur vie – risquent la mort pour rejoindre l’Europe à bord d’embarcations de fortune. Les microrévoltes sont réprimées et les arrestations suivies de peines de prison ferme : les détenus servent alors de monnaie d’échange pour ramener le calme, puis pour soumettre la population. En Kabylie, les rapts en série ne suscitent aucune réaction officielle. Les barrages de gendarmerie se confondent souvent avec des postes de péage qui rackettent les transports de marchandises. «L’Etat ne donne que l’illusion du fonctionnement, estime un diplomate. Il réunit des "Forums économiques", construit des mosquées qui enrichissent des notabilités locales, et affiche une classe moyenne aisée et des projets d’infrastructure grandioses réalisés à prix d’or par des sociétés étrangères quand le taux de chômage réel atteint 30% à 35%.» Mais cet Etat immensément riche est incapable de dépenser l’argent rationnellement, pour le bien public. Pour Mostefa Bouchachi, de la ligue des droits de l’homme, le régime «s’obstine à diriger selon la logique adoptée depuis l’indépendance, qui ne vise ni à construire un Etat ni une économie, mais à neutraliser le peuple et à l’isoler».
Cette logique – durer quel qu’en soit le prix – remonte à loin. Les militaires avaient la légitimité du combat de la révolution. Il leur revenait donc de gérer le futur Etat. Quand, avant l’indépendance, les «politiques» ont voulu leur contester ce pouvoir, ils l’ont payé de leur vie, à l’instar d’Abbane Ramdane, la «tête politique» du FLN, le Front de libération nationale, étranglé par ses frères d’armes en 1957. Cet assassinat marquera l’ascension du pouvoir de l’armée et la future prééminence des services secrets – appelés Sécurité militaire, puis Département du renseignement et de la sécurité (DRS) -, autour desquels le système s’articule. «A charge pour une apparence de pouvoir civil de masquer le pouvoir réel, car généraux et DRS répugnent à apparaître, même si les premiers y ont été contraints par la guerre civile», explique le même diplomate. Le président n’est que l’expression du fragile équilibre de ceux que les Algériens ont longtemps nommé «les décideurs». Rien de plus.
Mohamed Boudiaf a payé lui aussi de sa vie d’avoir cru pouvoir transgresser cette règle. Nommé à la tête de l’Etat pour «couvrir» de sa légitimité historique l’annulation des législatives en 1992, il est assassiné en direct à la télévision… six mois après son intronisation. Cette opiniâtreté à empêcher un président d’outrepasser son rôle est à l’origine de la plupart des conflits au sommet. Et d’un record : entre 1991 et 1999, date de l’arrivée au pouvoir d’Abdelaziz Bouteflika, quatre chefs de l’Etat se sont succédé. Aucun n’a terminé son mandat. Cet ordonnancement mafieux confère au régime l’allure d’un théâtre d’ombres.
«Ici, tout est faux : faux président, fausse presse libre, faux partis, faux députés, il n’y a que le DRS qui est réel», s’agace Habib Souaïdia, un militaire dissident. L’opacité est telle qu’il n’existe qu’une seule photo du puissant chef du DRS, le général Toufik Mediène, en dépit de sa longévité inédite – vingt et un ans – à ce poste ! Cette obscurité empêche notamment de décrypter les coups tordus du système – «le DRS, en termes de créativité, chapeau !» résume un ancien chef du renseignement français. Mais elle vaut surtout garantie d’impunité pour un pouvoir qui cherche à rester une société anonyme afin de n’avoir jamais à rendre de comptes. Ni sur les profits abyssaux que le haut commandement militaire tire de la rente des hydrocarbures ; ni, surtout, sur les exactions commises pendant la sale guerre contre les islamistes.
Cette obsession est à l’origine du retour, en 1999, d’un symbole des années 70 : Abdelaziz Bouteflika. Depuis les grands massacres de civils aux portes d’Alger en 1997, les généraux sont, pour la première fois, sur la sellette. Mary Robinson, haute-commissaire aux Droits de l’homme de l’ONU, réclame une «commission d’enquête internationale» (obstinément refusée par Alger) sur ces tueries attribuées à des «commandos islamistes», mais dont certaines se sont déroulées à deux pas d’une caserne des troupes d’élites du DRS ! «Bouteflika est le meilleur contre-feu diplomatique», conclut à l’époque l’ex-ministre de la Défense, le général Nezzar. Les généraux vont alors offrir à «Boutef» le rôle qui lui a toujours été imparti : candidat préféré du système. Celui qui dirigea pendant seize ans la très tiers-mondiste diplomatie algérienne attend sa revanche depuis ce jour de décembre 1978, où il récita l’oraison funèbre du président Boumédiène. Bouteflika est le confident, l’homme de confiance, autant dire le dauphin naturel du défunt. Mais les services secrets en décident autrement : ce sera Chadli Bendjedid.
BOUTEFLIKA ET SON SÉRAIL
Traumatisé, «Boutef» ronge son frein jusqu’à ce que, porté notamment par des anciens des «services», il succède au président Liamine Zéroual, poussé lui aussi à la démission. A 63 ans, Bouteflika n’a pas changé : moustache, cheveux longs dissimulant sa calvitie, costumes trois pièces rayées, chemises col pointu et talonnettes. Tout a un furieux air d’années 70 : candidat de l’armée, il est «élu» comme sous le parti unique. Sans opposition, tous ses adversaires s’étant retirés pour cause de fraude annoncée. Face à ceux qui l’ont fait roi, Bouteflika navigue. Il les encense un jour et agite le spectre de la justice internationale le lendemain pour élargir sa marge de manœuvre et les convaincre de ne pas s’opposer à son deuxième mandat en 2004, puis à son troisième en 2009. Et qu’importent ses scores à la nord-coréenne quand le taux de participation n’a pas dépassé 20% ! Ses mentors ont suffisamment besoin de lui pour lui laisser l’illusion qu’il «n’est pas le trois-quarts de président» qu’il jure refuser d’être. Originaire de l’Ouest, il élargit l’assise d’un pouvoir avant tout issu de l’Est. Non impliqué dans la sale guerre, il peut assumer la politique de «réconciliation nationale» censée en tourner la page. Et sa fidélité au système garantit le statu quo.
Colérique, séducteur, narcissique et maniant la rhétorique nationaliste, Bouteflika l’autocrate tisse sa toile. Il place ses hommes dans les rouages de l’administration, obtient quelques nominations dans l’armée, abuse d’une arme irrésistible pour se concilier les hommes d’affaires : l’attribution, ou pas, des marchés publics qui explosent. Connaissant trop le système, Bouteflika ne fait confiance qu’à son clan familial : il érige deux de ses frères, l’un (aujourd’hui décédé) en médecin omniprésent, l’autre, Saïd, en conseiller et affairiste omnipotent. «Le DRS a accordé à Bouteflika toutes les satisfactions symboliques qu’il voulait, et laissé ses frères Saïd et Abdelghani se servir, à condition qu’ils ne touchent pas aux hydrocarbures», résume un haut cadre.
Mais son autorité est aujourd’hui plus chancelante encore que sa santé. La tentative de «Boutef» de réorganiser le pôle sécuritaire autour de Yazid Zerhouni, l’un de ses proches, a été étouffée dans l’œuf par le DRS. C’est que le Président a perdu de son utilité. Le régime n’est plus sur la défensive grâce à la hausse des prix du pétrole. Et l’après-11 Septembre lui a permis de transformer la sale guerre en «premier affrontement majeur contre le terrorisme international». Autant dire qu’en cas de malheur, Bouteflika pourrait jouer les fusibles sans dégât majeur.
Encore faudrait-il que «le peuple» réclame sa tête ! C’est sans doute la raison des (rares) «Dehors Boutef» surgis dans les manifestations de samedi… Le «printemps arabe» ressuscite en effet la grande peur des dirigeants algériens : celle de la rue. En ce 25 décembre 1989, un an après qu’il eut fallu tirer à la mitrailleuse pour mettre fin aux émeutes d’octobre, les images de l’exécution du président roumain, Nicolae Ceausescu, et de son épouse matérialisent leur cauchemar : que «cela puisse arriver ici», comme lâche, blême, ce haut gradé. Entre-temps, le sérail, privé de toute légitimité populaire, vieux, immobile, retranché dans ses villas, ses clubs et derrière son arsenal antiguérilla, a formaté une classe politique où n’émergent que ceux, opposants compris, qu’il a réussi à phagocyter. Mais il se retrouve aussi seul face à une violence que rien ne semble pouvoir canaliser. «Gouvernement à la dérive et régime fragile comme il ne l’a jamais été, en proie à un manque de vision, et atteignant des niveaux de corruption sans précédent», résume Robert S. Ford, l’ancien ambassadeur américain à Alger dans un câble cité par WikiLeaks. C’est peu dire au vu de la déliquescence décrite par de hauts cadres accablés d’un gâchis qui a poussé 40 000 d’entre eux à émigrer au Canada.
«Le haut commandement militaire a le pouvoir mais ne l’assume pas, puisqu’il le délègue à un président civil qui sait qu’il ne l’a pas… La politique du tout sécuritaire a permis au général Toufik [Mediène, ndlr] de prendre tout le pouvoir, mais il ne veut pas non plus l’assumer. Du coup, tous les arbitrages sont bloqués.» Depuis fin 1995, le conclave formel des généraux n’existe plus. Mais Lamari, Nezzar, Touati, les généraux en retraite qui ont annulé les législatives de 1992, sont toujours dans la décision. Et refusent d’y intégrer leurs pairs plus jeunes. Ce fonctionnement délétère aurait créé une vraie grogne chez nombre de généraux quinquagénaires. D’autant que l’armée, détentrice du pouvoir, l’exerce aussi en leur nom. Se voyant reprocher l’état d’un «pays qui se délite», ces généraux n’ont aucune envie de continuer à être associés à la gestion d’un régime discrédité, cherchant à se perpétuer en plaçant ses fils dans le DRS et le business. Pas envie, surtout, de payer demain les pots cassés.
«L’APPRENTI SORCIER»
La conjonction de ce «clash générationnel dans l’armée», du mécontentement généralisé et des chutes de Ben Ali et Moubarak constitue un cocktail explosif. Mais nul ne peut prédire quand et comment surviendra l’embrasement. Car tout peut arriver dans ce pays où la colère de la rue est souvent instrumentalisée pour régler les luttes de pouvoir et où on préfère les révolutions de palais aux putschs à la Pinochet. D’autant que deux successions sont à l’ordre du jour : celle d’un Bouteflika malade, mais surtout celle, bien plus délicate, du général Toufik. «Jouer l’apprenti sorcier, c’est la spécialité du système, soupire Hakim. Quand il se sent assiégé, il anticipe pour donner l’illusion d’un changement et gagner du temps… jusqu’à la prochaine alerte.»
Un mois après les émeutes, Bouteflika a donc annoncé la levée «dans un proche avenir» de l’état d’urgence, que les militants des droits de l’homme et le FFS (opposition historique) réclament depuis une décennie. «Arnaque», rétorquent ces derniers arguant qu’une nouvelle loi antiterroriste va remplacer l’état d’urgence et que les manifestations resteront interdites. Auparavant, un florilège de mesures visant à «faciliter la vie des citoyens en répondant avec la plus grande célérité à leurs doléances» aura montré que la panique s’est emparée des autorités. Certes, elles comptent sur la répression et sur les divergences qui, depuis la guerre civile, déchirent la société pour empêcher toute mobilisation massive. Mais cela ne suffira pas pour empêcher que la soif des Algériens de vivre à l’heure de Tunis et du Caire ne débouche, demain, sur un processus incontrôlable qui aboutirait à «Dégage pouvoir, dégage tout le monde… Bouteflika, Toufik, DRS !»
En réalité, le pouvoir a le même problème depuis dix ans : comment faire une ouverture, avec quel président civil, et surtout zéro risque ? Osera-t-il se lancer dans une glasnost à la Gorbatchev en faisant appel à de vrais réformateurs, à condition bien sûr que son impunité judiciaire et financière soit garantie ? Ou préférera-t-il un replâtrage, avec l’un ou l’autre de ses affidés au visage d’opposant ? A moins qu’il ne décide une énième fuite en avant dans la répression. «La question, c’est de savoir de quel côté se rangera alors l’armée», estime l’ex-ministre de l’Economie, Ghazi Hidouci.
Même si le régime est devenu expert en gestion de la répression, nul n’oublie que, dans les années 90, le général Lamari, alors chef d’état-major de l’armée, avait affirmé que «s’il fallait tuer 100 000 personnes pour sauver l’Algérie», il n’hésiterait pas. «Le drame des Algériens, constate un ex-Premier ministre, c’est de n’être jamais comme les autres.»