Hier encore le ministre des Affaires étrangères Abdelkader Messahel s’y est essayé avec le succès mitigé et le violent retour de bâtons que l’on connaît. Aujourd’hui c’est au tour du Premier ministre Ahmed Ouyahia, l’héritier présumé d’une incertaine, et tout aussi violente, guerre de succession, qui livra sa petite dose de venin et de haine contre le Maroc. Comme si s’en prendre au Maroc s’est imposé comme une rubrique obligatoire du délire sectaire algérien.
Mais cette violence verbale, régulière et installée dans le discours algérien cache mal une forme de schizophrénie politique. Le même Abdelkader Messahel qui déverse sa bille nauséabonde contre le Maroc ne rate pas l’occasion de se jeter dans les bras du ministre marocain des Affaires étrangères Nasser Bourita, venu participer à Alger à la réunion des ministres des Affaires étrangères des pays membres du Dialogue en Méditerranée occidentale 5+5. Il le fait devant caméras et de manière volontairement exhibitionniste comme pour souligner la contradiction entre une détestation politique atavique et une hypocrisie mal assumée qui confine à la provocation. En réponse à cette situation qui pouvait prêter à confusion, le chef de la diplomatie Nasser Bourita a tenu à préciser que sa venue à Alger n’avait rien à voir avec les relations algéro-marocaines et qu’elle s’inscrivait dans la participation à une réunion régionale (Algérie, Espagne, France, Italie, Libye, Malte, Maroc, Mauritanie, Portugal et Tunisie).
Le même Ahmed Ouyahia, qui lors du dernier sommet Union Africaine/Union Européenne se poussait des coudes pour approcher et saluer le Roi Mohammed VI et se précipiter ensuite devant les caméras pour dire que son geste avait pour objectif de transmette les salutations du président. Abdelaziz Bouteflika au souverain marocain, ce même Premier ministre vient de bombarder le Maroc de lourdes et fantaisistes accusations.
Que faut-il comprendre de ce double discours, de cette double posture et de cette double stratégie ? Que l’antagonisme contre le Maroc et l’usage de la haine comme point de fixation et de détournement de l’attention sont plus fort que tout autre tentation d’ouverture ou de réconciliation. Il est tout à fait remarquable dans sa régularité le fait que cette diplomatie algérienne ne fait porter sa voix avec clarté et détermination que sur le seul voisin marocain. Autant elle est aphone sur les théâtres africains, arabes ou méditerranéens, autant ses décibels sont d’une violence agressive et insultante à l’égard du voisin marocain. Comme si ce régime algérien agonisant ne voyait son utilité et ne concevait sa pérennité que par rapport à une politique de défiance à l’égard du Royaume du Maroc.
D’ailleurs l’épaisseur de cette hostilité est régulièrement calculée sur deux indices. Le premier est l’impasse de plus en plus explosive vers laquelle tend à aboutir le régime algérien qui arrive au bout de ses limites et de ses contradictions. A ce stade de réflexion le dernier numéro de « Valeurs actuelle » qui évoque avec d’effrayants détails les conséquences sur l’ensemble de la région de la possible et très attendue déflagration de la « Bombe algérienne », fait office d’alerte généralisée pour les chancelleries qui suivent avec angoisse ce processus d’agonie algérienne.
Le second indice qui fait monter le taux d’hostilité à l’égard du Maroc réside dans les incontestables performances diplomatiques du Royaume. Le rôle du Maroc, son aura, sa crédibilité et son leadership sont internationalement reconnus. Sa parole et sa vision de la paix et du développement économique et écologique sont respectées et saluées. Cette simple distinction est de nature à donner des urticaires à une diplomatie algérienne qui a construit l’ensemble de son ADN sur l’affaiblissement du Maroc et une volonté entêtée de torpiller ses efforts de croissance et d’évolution. Par un effet d’impitoyables jeux de miroir réfléchissant les contradictions et les contrastes, plus le Maroc avance, réalise des performances, tente de sortir du lot, plus les échecs du régime algérien apparaissent au grand jour comme autant d’handicaps qui renseignent sur les faillites de sa stratégie.