Kaïs Saïed ou les faillites tunisiennes !

Que reste-il à la Tunisie d’aujourd’hui comme message à transmettre à son opinion et son environnement immédiat ? L’image d’un pays qui se noie sous l’effet d’une crise économique dévastatrice, d’un peuple qui sombre sous l’effet d’une dictature sans complexe ? Le dernier taux d’abstention des Tunisiens aux dernières législatives avoisine un record planétaire, près de 90% .

En cause. Un homme, Kaïs Saïed, obsédé par la confection d’un costume présidentiel sur mesure qui lui octroie tous les leviers du pouvoir et qui a spectaculairement échoué. Les tunisiens des villes, ainsi que les tunisiens de campagne lui ont refusé ce caprice et ont volontairement boycotté son opération de monter en douce une dictature autour du Palais de Carthage.

Logiquement et dans les pays qui respectent la volonté populaire, un tel taux de défiance est susceptible à lui seul de provoquer démission et retrait. Pas dans la Tunisie de Kaïs Saïed. L’homme s’accroche au pouvoir comme le pendu à sa corde. Que la Tunisie puisse perdre tous ses atouts pour pouvoir un jour espérer décoller, cela lui importe peu. L’essentiel est de garder ce pouvoir et ce nouveau parlement même s’il est adoubé par seulement moins de 10% de la population.

Pour ne pas dire la vérité crue aux tunisiens, une certaine presse préfère parler de désaffection par rapport à la politique, de désenchantement par rapport à la démocratie. Autant de figures de style pour éviter de nommer un flagrant retour de la dictature incarné par les obsessions de Kaïs Saïed.

Généralement, la tradition implique que quand on veut justifier une prise de pouvoir aussi peu démocratique, il est d’usage d’évoquer le danger islamiste. L’idée étant d’exporter vers l’international que l’autorité qui a procédé à cela vise à protéger le pays d’un danger beaucoup plus grand et plus grave. La démarche a relativement réussi en Égypte avec les multiples hésitations et critiques qu’on connaît. Elle a, de manière ridicule, échoué en Tunisie avec les nombreuses tensionS internes notamment avec le puissant syndicat et qui sont susceptibles de plonger le pays dans un dangereux cycle de ruptures.

Kaïs Saïed a non seulement fait détester la politique aux tunisiens mais il a aussi mis en danger et en question le soutien de la communauté internationale à l’économie tunisienne. Pour pourvoir espérer sortir la tête du goulot, la Tunisie a besoin de négocier des accords de soutien avec des institutions financiers internationales comme le FMI et la Banque mondiale. Et comme la situation politique et sociale engendrée par les choix du président tunisien n’est pas de nature à garantir un minimum de stabilité, cela parait comme une mission impossible de déverrouiller la générosité de ces institutions internationales. Ce qui va certainement participer à aggraver les souffrances du peuple tunisien.

Kaïs Saïed met aussi en difficulté un de ces principaux soutiens européens, la France. Emmanuel Macron a apporté une aide politique extrêmement précieuse au président tunisien depuis le début de son aventure. Aujourd’hui, Paris pourra-elle continuer à fermer les yeux sur ce flagrant déficit démocratique sous le simple prétexte que Kaïs Saïed a promis d’être un barrage au retour des islamistes du parti Annahda au pouvoir ?  Paris tente déjà de jouer les avocats de la Tunisie auprès des instances financières internationales. Les récents échecs électoraux et les multiples coups de force contre la constitution sous l’ère de Saïd Saied vont certainement compliquer le plaidoyer français en faveur de la Tunisie auprès des institutions financières dont le soutien paraît vital pour l’économie du pays.

Le seul « exploit » dont les tunisiens peuvent « s’enorgueillir » est de voir que leur président, aux comportements lunatiques, a opéré un grand rapprochement avec le régime algérien depuis qu’à la surprise générale, il avait reçu en grandes pompes le chef du mouvement séparatiste du Polisario Brahim Ghali.  Depuis la Tunisie est généralement décrite dans les réseaux sociaux comme une wilaya algérienne, sans aucune souveraineté.

Récemment la Tunisie a failli se transférer en prison annexe de l’Algérie lorsqu’elle avait procédé à l’arrestation d’Amira Bouraoui, opposante et animatrice du mouvement populaire algérien, Hirak. Cette dernière fuyait discrètement l’enfer algérien via la Tunisie. Alors que le régime du président tunisien s’apprêtait à l’extrader vers l’Algérie, seule l’intervention de la France a mis fin à ce projet et offert une protection consulaire à Amira Bouraoui, porteuse aussi de la nationalité française.

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