Human Rights Watch prône le dialogue avec les islamistes

Human Rights Watch invite dans son rapport annuel les démocraties occidentales à surmonter leur aversion pour les mouvements islamistes d’Afrique du Nord et au Moyen-Orient pour établir le dialogue et les encourager à respecter les droits de l’homme.

Les soulèvements démocrates du "printemps arabe", écrit Kenneth Roth, directeur de l’organisation, ont montré que les grandes puissances ne pouvaient plus se permettre de soutenir "une cohorte d’autocrates arabes" pour préserver leurs intérêts.

"La communauté internationale doit (…) prendre langue avec l’islam politique quand il exprime une préférence majoritaire.

"Les partis islamistes sont réellement populaires dans une bonne part du monde arabe, notamment parce que de nombreux Arabes considèrent l’islam politique comme l’antithèse des régimes autocratiques.

"Partout où émergent des gouvernements issus de la mouvance islamiste, la communauté internationale doit les encourager et, si besoin, faire pression pour qu’ils respectent les droits fondamentaux, exactement comme les partis et les gouvernements qui se réclament du christianisme en Europe sont censés le faire", poursuit-il en préambule de ce rapport de 690 pages publié dimanche.

UNE APPROCHE "TIMIDE ET INCERTAINE"

Les islamistes d’Ennahda ont remporté les législatives d’octobre en Tunisie, tout comme le Parti liberté et justice mis sur pied par les Frères musulmans en Egypte, qui a devancé les salafistes plus radicaux de Nour.

Kenneth Roth invite en outre les démocraties occidentales à se montrer plus fidèles à leurs principes dans leur approche de la région. "Cela implique en premier lieu de prendre clairement le parti des réformateurs démocrates, y compris en abandonnant les alliés autocrates", recommande-t-il, saluant la fermeté des Etats-Unis et de l’Union européenne à l’égard de Mouammar Kadhafi, renversé puis tué en Libye.

Hésitants au début de la crise, Washington et Bruxelles ont finalement opté pour la voie des sanctions face au régime de Bachar al Assad, se félicite le directeur de HRW.

"Ailleurs, cependant, l’approche occidentale des soulèvements de la région a été plus timide et incertaine", dit-il, déplorant l’attitude de la France à l’égard de Zine ben Ali en Tunisie et la réticence des Etats-Unis à lâcher Hosni Moubarak en Egypte.

"De la même façon, les gouvernements occidentaux n’ont donné aucune suite significative aux meurtres de manifestants commis par le gouvernement du président yéménite Ali Abdallah Saleh, qu’ils considèrent comme un rempart contre Al Qaïda dans la péninsule arabique", souligne-t-il.

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