François Hollande et les amertumes de la mi-mandat
Pa de répit pour François. Les mi-mandats sont rarement l’occasion de crier victoire, ni de dormir sur ses lauriers. La crise économique en France est aussi profonde qu’entêtée. La relance tarde à venir. Les courbes de chômage peinent à s’inverser. Autant de symptômes qui font de ce mi-mandat une date amère pour la gauche au gouvernement.
Par Mustapha Tossa
C’est que François Hollande, avec son impopularité qui frise tous les records, semble ne plus disposer d’aucun levier pour remonter la pente. La disgrâce aux yeux de l’opinion, le désamour des Français ont depuis longtemps quitté la conjoncture des humeurs pour s’installer définitivement dans la structure de la posture Hollande. En témoigne la fournée des sondages qui le donnent battu en 2017 et qui mettent l’icône de l’extrême droite, Marine Le Pen au second tour.
Et pourtant, ce n’est pas faute d’avoir essayé. François Hollande a tourné le dos à toutes ses promesses électorales. Il a opté, rigueur budgétaire oblige, de gouverner au centre droit. Il s’est résigné à choisir Manuel Valls comme Premier ministre et Emmanuel Macron comme ministre de l’Economie. Le fameux pacte de responsabilité, perçue par ses détracteurs comme un cocktail de cadeaux pour les entreprises et un matraquage fiscal pour les classes moyennes, fait office de la seule recette économique pour convoquer la relancée et de redémarrer la machine à créer des emplois.
A mi-mandat, les résultats sont loin d’être à la hauteur. Avec à la clé une piquante facture politique. François Hollande perd le soutien des Verts qui se retrouvent à animer sur les estrades les manifestations de mauvaise humeur sociale et de contestations. Il s’est créé dans sa propre famille politique un groupe de frondeurs dont la violence du discours politique n’a rien à envier au plus déterminé des détracteurs à droite. A titre d’exemple quand le frondeur ancien ministre de l’éducation Benoit Hamon accuse la politique de François Hollande de mettre en danger la république, un pallier significatif est franchi dans la dislocation de la famille de gauche.
François Hollande aurait pu profiter des malheurs de la droite engluée dans le retour messianique de Nicolas Sarkozy et les haines recuites, sur fond de règlements de comptes et de guerres claniques. Mais cette situation dégradée de la droite profite davantage à l’extrême droite. Hollande aurait pu bénéficier de la séquence internationale où, dans la guerre contre le terrorisme, qu’il soit africain ou proche oriental, il s’est montré plus faucon que Barack Obama. Mais même cette détermination à l’international n’a pu faire frétiller son indice de popularité, resté désespérément plat.
La situation que vit le président à mi-mandat est de celles qui nécessitent des miracles pour se redresser. Même dans son proche entourage, aucune personnalité n’est capable de miser sur sa réélection. Conséquence immédiate d’une telle incertitude: Les appétits et les égos à gauche se remettent à fonctionner. D’où ce léger parfum de cohabitation qui souffle depuis un certain temps sur les relations entre François Hollande et son première ministre Manuel Valls. D’où cette tendance de la gauche dans ses versants socialiste et écologique à se projeter dans l’avenir sans François Hollande, sauf métamorphoses inattendues et ruptures miraculeuses.