François Hollande dans le piège du Proche Orient
Deux images extrêmement symboliques ont plombé François Hollande depuis le début de la crise de Gaza. La première est celle de ses ministres de la Défense Jean Yves Le Drian et des Affaires étrangères Laurent Fabius se déployant dans les médias pour corriger la grande erreur diplomatique de leur président lorsqu’il donna quitus à l’action militaire du Premier ministre Benyamin Nethanyahou sans un seul mot pour les Palestiniens qui commençaient déjà à tomber par dizaines.
Par Mustapha Tossa
Depuis son accession à l’Elysée, François Hollande dût affronter plusieurs crises politiques, sociales et même conjugales. Leurs effets sur sa personne ont certes participé à verrouiller négativement son indice de popularité. Mais c’est la première fois qu’ il donne vraiment l’impression que le gouvernail de la politique lui échappe vraiment. Le tournant est d’autant plus fort que l’international était jusqu’à présent son unique porte bonheur. Ses opérations militaires africaines au Mali et en Centrafrique ont largement participé à rehausser son prestige et à présidentialiser son image.
Sur le Monde arabe, même s’il ne s’est pas distingué par une fulgurante initiative politique pour résoudre la crise syrienne ou apaiser le chaudron irakien, François Hollande pouvait tirer une forme de bénéfice politique "statique" de la position traditionnellement équilibrée de la France à l’égard du conflit entre Israéliens et Palestiniens. Position qui parvenait malgré les méandres de la politique au Proche Orient à faire la synthèse entre le droit des Israéliens à jouir de la sécurité et le droit des Palestiniens à bénéficier de leurs droits à un Etat. Et c’est ce fragile équilibre, qui distinguait l’approche française, que François Hollande, par choix délibéré ou par maladresse politique, vient de faire voler en éclat.
Depuis le début de cette crise, François Hollande montra son obsession de ne pas importer le conflit israélo-palestinien sur le territoire français. Il craignait à juste titre de voir s’affronter dans les rues de Paris les propalestiniens et les proisraéliens, provoquant d’irréparables déchirures au sein de la société français. Or si le diagnostic était pertinent, la thérapie proposée semble loin de montrer son efficacité. Le principe de l’interdiction de manifester, dénoncé violemment par l’extrême gauche et sourdement par une grande partie de l’opposition de droite, avait au contraire agi comme un élément incitateur à la tension et à l’affrontement.
Il était perceptible à celui qui suit les événements de constater que dans les pays européens où les citoyens ont été autorisés à sortir manifester, seul la France présentait des scènes de guérilla urbaine et d’affrontements violents entre manifestants et forces de police. Sur les autres théâtres, notamment londonien, la manifestation se déroulait dans un calme et une gravité digne. L’incontestable preuve qu’il est possible de manifester sans tomber dans les débordements ou la violence.