Etat islamique : un trésor de guerre au service du jihad
Riche de 2 Mds$ (1,5 Md€), l’Etat islamique a la capacité de s’enraciner au Proche et au Moyen-Orient et de financer la guerre sainte dans le monde.
« Nous continuons à surveiller les différentes sources de financement de l’EI », souligne Mitchell Moss, de l’ambassade des Etats-Unis en France. Fort d’une idéologie radicale sunnite salafiste propre à fanatiser de jeunes esprits échauffés, l’EI, dont les racines remontent au premier conflit d’Afghanistan des années 1980, est capable aujourd’hui de bâtir un Etat, avec des frontières, une armée et… un budget.
Une machine efficace de conquête et d’enrichissement. L’Etat islamique serait, selon « The International Business Times », l’organisation terroriste la plus riche du monde. Avec quelque 2 Mds$ de trésor de guerre, « l’EI est à même de financer de nouvelles conquêtes, explique Jean-Charles Brisard, spécialiste en terrorisme. Il ne dépend pas de soutiens extérieurs. » Il ne faut donc pas s’y tromper, les prises de guerre, de raffineries en coffres forts bancaires, ne constituent pas seulement des trophées. Ce sont les bases d’une future organisation étatique. « L’EI ne cherche pas seulement à s’approprier les richesses des pays conquis. Il veut que les usines, les barrages, les centrales d’Irak et de Syrie continuent de générer des produits qu’ils pourront utiliser ou vendre. Quitte à faire travailler les salariés sous la contrainte la plus féroce », souligne Jean-Charles Brisard.
Un modèle économique au service du jihad. Les jihadistes de l’Etat islamique, dont l’ascension semble irrésistible depuis un peu plus d’un an, ont désormais les moyens de leurs ambitions et de leur idéologie radicale. « C’est un cauchemar pour la région et pour le monde, souligne Yves Trotignon, ancien de la DGSE (les services de renseignement français), analyste chez Risk & Co. Le Liban, où l’EI est déjà présent ; la Jordanie, pays fragile cerné de toutes parts. Les services occidentaux mais aussi tunisiens ou marocains redoutent le retour de ceux qui sont partis combattre en Syrie ou en Irak, et qui seront susceptibles de mener des actions terroristes ailleurs. Jusqu’en Europe. » L’angoisse ? La compétition meurtrière avec Al-Qaïda pour le leadership du jihad.