Du génocide au procès international des Khmers rouges: quelques clefs

Le procès contre trois des plus hauts responsables du régime khmer rouge (1975-1979), accusés de génocide, crimes contre l’humanité et crimes de guerre, commence véritablement lundi.

Voici quelques éléments pour comprendre les faits, le tribunal international de Phnom Penh et le procès.

LE REGIME KHMER ROUGE ET SA CHUTE:

Le mouvement révolutionnaire des Khmers rouges prend le pouvoir au Cambodge le 17 avril 1975. Pol Pot, appuyé par la Chine, veut construire une utopie marxiste. Il abolit la religion, les écoles, la monnaie, vide les villes au profit de fermes collectives dans les campagnes. Paranoïaque, le régime multiplie les purges que justifient de multiples "complots".

Quelque deux millions de Cambodgiens, soit environ un quart de la population, meurent d’épuisement, de famine, de maladie ou à la suite de tortures et d’exécutions.

Les Khmers rouges sont chassés du pouvoir le 7 janvier 1979 par le Vietnam, allié à d’ex-membres du mouvement ayant fait défection, comme Hun Sen, aujourd’hui Premier ministre. Ils deviennent rebelles, avec le soutien militaire de Pékin et l’assentiment des Etats-Unis et de leurs alliés. Le mouvement s’effondre au milieu des années 1990. Pol Pot décède en 1998 sans avoir jamais été inquiété.

LE TRIBUNAL:

En 1997, le gouvernement cambodgien demande l’aide de l’ONU pour juger d’anciens cadres Khmers rouges. Un accord est signé en 2003 et les Chambres Extraordinaires au sein des Tribunaux Cambodgiens (CETC) sont établies en 2006. A l’inverse du Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie (La Haye) et du TPI pour le Rwanda (Arusha, Tanzanie), la cour juge les crimes sur le lieu même des massacres.

Juridiction hybride travaillant en langues khmère, anglaise et française, elle mélange les droits internationaux et cambodgien, et les cultures juridiques française et anglo-saxonne.

Son mandat lui permet de juger les plus hauts responsables du régime et les principaux responsables des crimes commis entre 1975 et 1979. La peine de mort a été exclue, ainsi que les compensations financières aux victimes.

Financé en majorité par des pays étrangers, le tribunal a coûté jusqu’ici près de 150 millions de dollars.

Le processus a été marqué par des retards, des difficultés financières et des accusations de corruption, ainsi que par des accusations d’ingérence du gouvernement cambodgien et de constantes frictions entre magistrats nationaux et étrangers.

LES ACCUSES:

Seul jugé pour l’instant, Kaing Guek Eav, alias Douch, ex-chef de la prison de la capitale, a été condamné en juillet 2010 à 30 ans de détention. Il attend un verdict en appel le 3 février.

A partir de lundi comparaîtront le "Frère numéro 2" Nuon Chea, idéologue et bras droit de Pol Pot, l’ex-président Khieu Samphan et l’ex-ministre des Affaires étrangères Ieng Sary.

Son épouse Ieng Thirit, ex-ministre des Affaires sociales qui souffre de démence, est accusée des mêmes crimes, mais les magistrats ont estimé cette semaine qu’elle était inapte à être jugée. Ils ont ordonné sa libération mais les procureurs ont immédiatement fait appel de cette décision.

Alors que le pouvoir cambodgien répète inlassablement son opposition à d’autres procès après celui-là, les observateurs estiment que le tribunal devrait rejeter les poursuites contre cinq autres suspects dans deux autres affaires.

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