Dépouillement en cours après le scrutin législatif en Irak

Le dépouillement a commencé lundi en Irak après des élections législatives marquées par la violence mais aussi par une participation importante, notamment dans la communauté sunnite, qui avait largement boycotté le précédent scrutin en décembre 2005.

Dépouillement en cours après le scrutin législatif en Irak
La participation s’est élevée à 62% des électeurs inscrits, a annoncé la commission électorale. C’est moins qu’en 2005 mais plus que lors des élections provinciales de l’an dernier.

Les premiers résultats ne devraient pas être connus avant mardi ou mercredi et, compte tenu de la redistribution des cartes et des changements d’alliance possibles, la formation d’un nouveau gouvernement pourrait prendre des mois.

Attentats et tirs de mortier ont fait au moins 38 morts, dimanche, alors que les Irakiens se rendaient aux urnes pour des élections que les radicaux avaient tenté de saboter.

L’Etat de droit (EDD), la formation du Premier ministre Nouri al Maliki, dit être en tête à Bagdad et dans le Sud, fiefs de la majorité chiite. Une telle affirmation ne peut être vérifiée dans l’immédiat mais elle semble, dans le Sud au moins, être corroborée par des estimations partielles.

L’EDD, formation non confessionnelle, affrontait notamment l’Alliance nationale irakienne (ANI), principale coalition à dominante chiite, qui réunit notamment le Conseil suprême islamique irakien (CSII), le plus puissant parti chiite.

Le CSII affirme de son côté que, selon les premiers bulletins dépouillés, l’EDD et l’ANI sont au coude-à-coude et ajoute qu’Irakia, une alliance laïque et nationaliste emmenée par l’ancien Premier ministre chiite Iyad Allaoui, avec le soutien du vice-président sunnite Tarek al Hachémi, est en troisième position.

TROISIÈME FORCE AU KURDISTAN ?

Une estimation contestée par Irakia, dont l’un des dirigeants Thaer al Nakib, revendique la victoire pour son parti dans les provinces du nord et de l’ouest, avec entre 70% et 90% des suffrages, selon les premiers bulletins dépouillés.

Après des années de violence entre communautés religieuses, une partie des Irakiens pourrait avoir exprimé, lors de cette consultation, leur souhait d’un gouvernement plus consensuel, où majorité chiite et minorités sunnite et kurde parviendraient à coexister.

Au Kurdistan, le partage du pouvoir entre l’Union patriotique du Kurdistan (UPK), le parti du chef de l’Etat, Djalal Talabani, et le Parti démocratique du Kurdistan (PDK) du président de la région Massoud Barzani pourrait être mis à mal par l’émergence d’une troisième force, le bloc réformiste Goran (Changement).

Le morcellement des forces au sein du camp kurde risque alors d’affaiblir sa position d’arbitre dans les négociations à venir sur la composition du gouvernement.

Preuve de l’intérêt des électeurs pour le scrutin, 61% des électeurs se seraient rendus aux urnes dans la province sunnite d’Anbar et 70% à Kirkouk, bastion kurde du nord.

L’ampleur du vote sunnite dira si cette communauté se sent désormais partie prenante de l’Irak démocratique voulue par les Américains, sept ans après l’invasion.

La mise en place d’une coalition gouvernementale, qui avait pris cinq mois après les législatives de 2005, pourrait cette fois être encore plus longue.

TERRAIN D’ENTENTE

Aucun parti ni aucune coalition ne pourra revendiquer la majorité des 325 sièges au parlement et, si les tractations traînent en longueur, l’instabilité risque de réapparaître au profit des courants les plus radicaux, au moment où les Etats-Unis ont réaffirmé leur volonté de poursuivre leur désengagement.

Tout en félicitant les Irakiens qui ont bravé le danger pour aller désigner leurs députés, Barack Obama a réitéré dimanche l’objectif d’un retrait complet des troupes américaines d’Irak d’ici la fin 2011.

La moitié des 96.000 soldats déployés actuellement devraient rentrer au pays avant le 31 août, date à laquelle les forces américaines cesseront de participer aux combats, à moins d’une détérioration sensible de la situation.

Avant cette première échéance, la priorité pour les forces politiques irakiennes est de trouver un terrain d’entente.

"Dans un pays comme l’Irak, la victoire électorale ne vaut pas légitimité. Celle-ci ne vient qu’avec une pratique gouvernementale efficace", note David Mack, du Middle East Institute.

"Si Maliki ne dispose pas d’un soutien très diversifié, ce sera très difficile pour lui de former un gouvernement. Sa décision, avant le scrutin, de jouer la carte de la débaassisation le place quasiment dans l’impossibilité de mettre sur pied une coalition trans-communautaire", estime-t-il.

"En même temps, qu’il forme une coalition avec les partis religieux chiites et le risque d’instabilité grandira", ajoute David Mack.

Comme une autre alliance laïque, Unité de l’Irak (UDI), Irakia a protesté contre la décision d’interdire 400 candidats accusés de liens avec l’ancien parti Baas de Saddam Hussein.

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