Arancha González veut jouer la carte de la « diplomatie discrète » pour tenter de rétablir le canal avec le Maroc

Dans une interview avec le quotidien La Razon de ce vendredi, Arancha González Laya dit vouloir jouer la carte de « la diplomatie discrète » pour tenter de rétablir le canal avec le Maroc, interrompu depuis l’accueil sous une fausse identité du chef des milices séparatistes, Brahim Ghali, poursuivi pourtant par la justice espagnole pour crimes de guerre, crimes contre l’humanité, viol et violations des droits de l’homme.

« Près d’un an et demi au pouvoir, Arancha González Laya traverse l’une des crises diplomatiques les plus graves auxquelles la diplomatie espagnole a dû faire face depuis des décennies et qui lui a explosé entre ses mains », écrit La Razon en préambule à l’interview.

A une question comment va-t-elle s’y prendre apaiser la colère du Maroc, qui était attendue après l’accueil de Brahim Ghali par le gouvernement de Pedro Sanchez, la ministre espagnole des Affaires étrangères estime qu’à « ce stade, le rétablissement d’une relation normale nécessite un espace de discrétion  et qu’elle aimerai « pouvoir conserver cet espace ».

Et d’ajouter qu' »il y a eu des conversations avec différentes personnes à différents niveaux ». « Je voudrais garder la discrétion diplomatique car c’est la caractéristique d’une relation mature. Nous voulons avoir une relation mature avec le Maroc, même en cas de désaccords », a-t-elle indiqué.

Sur le rôle que peut jouer le roi Felipe pour désamorcer cette crise avec le Maroc, eu égard à ses rehaltions privilégiées avec le roi Mohammed VI, Arancha González Laya estime que « le roi a un rôle important dans nos relations internationales. Si la question est de savoir quelle sera la stratégie du gouvernement espagnol, avec qui il va l’activer et quand il va le faire, je pense qu’il vaut mieux suivre quelque chose qui est très importante pour moi, qui est une diplomatie discrète ».

Alors que La Razon lui rappelait que le gouvernement Sanchz savait pertinemment qu’il allait provoquer une crise avec le Maroc en accueillant le chef du Polisario, la cheffe de la diplomatie reste dans le déni et botte en touche. « Nous n’avons jamais voulu un conflit. Nous ne le cherchons jamais. Nous n’en voulons pas. Et nous ne le nourrissons certainement pas. Ce que nous voulons, et c’est ainsi que je l’ai transmis à l’Ambassadrice [Karima] Benyaich, c’est de regarder vers l’avenir (…) Nous n’avons pas créé ce conflit et nous ne voulons pas le maintenir. Et nous allons continuer à travailler sur cette ligne ».

 

« Si la question est qu’avec ce geste humanitaire, l’Espagne prend parti dans le différend du Sahara occidental, la réponse du gouvernement est non. L’Espagne n’a pas changé sa position », s’est-elle justifiée, ajoutant qu’elle ne peut  concevoir qu’ »un geste humanitaire » débouche sur une crise migratoire.

« double langage, double jeu »

Hier, le ministre marocain des Affaires étrangères, Nasser Bourita, a fustigé « le double langage et le double jeu » de l’Espagne qui tente d’utiliser ce qui s’est passé dans le préside occupé de Sebta (Ceuta) comme « le salut pour sortir du débat réel » sur la crise maroco-espagnole qu’est l’accueil d’un criminel de guerre sous une identité d’emprunt et avec vrai-faux passeport diplomatique algérien.

« L’humanitaire n’a jamais dicté qu’on passe par la manigance. L’humanitaire ne se fait pas en cachette », a dit M. Bourita, appelant l’Espagne à reconnaitre et à assumer « ses graves attitudes » et à éviter « le double langage ».

« Le Maroc ne procède pas au chantage, le Maroc est clair par rapport à ses positions, ses actions et son attitude », a fait savoir M. Bourita dans une déclaration à la MAP à l’occasion d’une rencontre restreinte avec des médias.

Le ministre a épinglé des « manœuvres espagnoles visent à faire des responsables de cette crise des victimes ».

« S’il y a crise entre le Maroc et l’Espagne, c’est parce que Madrid a jugé, de manière souveraine, de manœuvrer avec les ennemis du Royaume et d’accueillir sur son territoire quelqu’un qui fait la guerre au quotidien au Maroc », a fait valoir le ministre.

Pour M. Bourita, l’Espagne « fait payer à l’Europe le prix de sa maladresse et doit expliquer à l’Europe comment un pays membre de l’UE admet sur le territoire européen des gens avec une fausse identité ».

Madrid, a-t-il encore insisté, « doit expliquer à ses pairs européens comment elle peut abriter sur le territoire européen quelqu’un qui est poursuivi pour crimes de guerre, crimes contre l’humanité, viol et violations des droits de l’homme et comment une femme violée, qui demande son droit, doit attendre que les deux ministres des Affaires étrangères, espagnole et algérien, coordonnent ».

Quant au registre du Maroc dans la lutte contre la migration clandestine, « le Maroc n’a pas besoin d’être noté par l’Espagne et ses médias », rappelant que le Royaume a avorté 13.000 tentatives d’immigration irrégulière depuis 2017, démantelé 4.163 réseaux de trafics et enregistré 48 tentatives d’assaut sur Sebta.

« Il y a une réalité, il y a des chiffres qui méritent reconnaissance », a soutenu M. Bourita, soulignant que ce qui s’est passé dans le préside occupé rappelle aussi « le coût financier que le Maroc assume pour ce bon voisinage, que certains ont malmené ces derniers jours ».

« L’Europe ne nous donne même pas 20% du coût de ce que le Maroc assume dans la lutte contre la migration clandestine », a-t-il dit, précisant que les événements de ces derniers jours ont montré que 99% de l’effort de lutte est fait par le Maroc contre « rien de l’autre côté ».

« Le Maroc n’est pas le gendarme, mais il est toujours un acteur responsable » en matière de lutte contre la migration clandestine », a rappelé le chef de la diplomatie marocaine.

« Le bon voisinage et le partenariat ne sont pas des slogans. On doit les incarner. Malheureusement ce que le Maroc a reçu depuis le 17 avril n’est pas des preuves de bon voisinage ni de partenariat. Le Maroc d’aujourd’hui n’accepte plus ce genre de double langage », a-t-il dit.

 

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