Présidentielle, terrorisme, burkini : Hollande défend son bilan
Au plus bas dans les sondages, le chef de l’État a prononcé un grand discours sur le terrorisme durant lequel il n’a pas manqué de charger la droite.
Source AFP
Salle Wagram, du nom de l’une des victoires décisives de Napoléon, et devant un public acquis, il s’est dit déterminé à poursuivre « obstinément le combat » contre le terrorisme. Évoquant des « tentatives » déjouées « ces derniers jours », celui qui a connu à l’Élysée la plus grande vague terroriste en France depuis un demi-siècle – 238 morts depuis janvier 2015 – a de nouveau prévenu que le combat serait de longue haleine. Le même jour, Salah Abdeslam, membre présumé du commando auteur des attentats du 13 novembre, était convoqué devant les juges d’instruction.
Défenseur de l’État de droit
François Hollande, qui avait déclenché l’état d’urgence prolongé à quatre reprises malgré des réticences à gauche et s’est englué dans un interminable et houleux débat sur la déchéance de nationalité, a voulu se poser en défenseur de l’État de droit, rejetant tout « État d’exception » contre les attaques djihadistes.
La seule voie « qui vaille, la seule qui soit efficace, c’est celle de l’État de droit », a-t-il martelé, ne ménageant pas ses coups contre ceux qui, à droite, « battent les estrades en recourant à toutes les surenchères pour mieux se distinguer à l’intérieur de leur camp ». Il a plus particulièrement éreinté les « arguties juridiques » évoquées par Nicolas Sarkozy qui empêcheraient, selon l’ancien président, de lutter contre le terrorisme, ou balayé l’idée d’interner sans jugement les personnes radicalisées. Critiquées également, les baisses d’effectifs de policiers ou du budget de la Défense lors du dernier quinquennat.
« Médiocre chef de parti »
Sur le plan politique, François Hollande a très clairement lancé l’offensive pour 2017, raillant avec des accents de candidat déjà prêt à en découdre, ces responsables de l’opposition qui « pensent que l’élection, c’est la primaire ». L’élection, « il faut la mériter, il faut s’y préparer, et il faut respecter les citoyens », a-t-il lancé comme s’il traçait déjà sa propre voie en évoquant « ce combat d’une vie », alors qu’il ne doit officiellement se prononcer sur sa candidature que début décembre.
Face à l’offensive d’Emmanuel Macron, et l’avalanche de postulants à gauche pour 2017, François Hollande a voulu se placer au centre du jeu, mettant en exergue qu’il était jusqu’au mois de mai le seul à avoir « l’onction » du suffrage universel. Il est aussi sorti du champ sécuritaire pour défendre, face à la droite, le modèle social, « patrimoine commun des Français », avertissant qu’il se battrait « toujours » contre « l’État d’exclusion » que voudrait selon lui bâtir la droite. Sur le plan institutionnel, il a affirmé vouloir « limiter le cumul des mandats dans le temps » pour les élus en allant plus loin que la loi sur le non-cumul des mandats, dans le cadre d’une série de « réformes » afin que la démocratie soit « renouvelée ».
L’initiative présidentielle intervient alors que le président est plus que jamais en butte à des sondages catastrophiques. Selon deux enquêtes d’opinion publiées mercredi, 88 % des Français ne souhaitent pas qu’il se représente (Elabe). Et s’il concourait, il serait dans tous les cas de figure éliminé dès le premeir tour, avec seulement 11 à 15 % d’intentions de vote (TNS-Sofres).
Saluée par Manuel Valls qui a loué « un président, incarnation du suffrage universel », dessinant « la France avec un souffle nouveau », l’intervention de François Hollande a été aussitôt raillée par le porte-parole de Nicolas Sarkozy Éric Ciotti. « Les Français attendaient un chef de guerre, ils ont retrouvé un médiocre chef de parti », a lancé ce dernier dans un tweet.