Ce sommet de Camp David a été précédé par une intense campagne menée par John Kerry pour rassurer les inquiets. De Ryad en passant par Paris, l’homme n’a pas lésiné sur les argumentaires politiques et sécuritaires les plus solides pour expurger la démarche américaine de l’ambiance anxiogène qu’elle génère. Et ironie de la dialectique politique, plus le chef de la diplomatie américaine formule des garanties comme cette proposition de nouveau pacte de sécurité, plus la méfiance s’installe entre Washington et les différentes capitales du Golfe.
C’est que ce rapprochement entre Barack Obama et les Iraniens est loin de plaire à tous le monde. En plus de la mauvaise humeur israélienne qu’avait incarné le Premier ministre Benjamin Netanyahou, les pays du Golfe, pilotés par l’Arabie Saoudite ont vite saisi tous les dangers qu’il y avait à laisser l’Iran sortir de l’isolement internationale dans lequel son entêtement à vouloir fabriquer une arme nucléaire l’avait enfermé. Et ce qui inquiétait encore plus ces pays sunnites, c’est que cet accord avec les Iraniens allaient intervenir et les débarrasser des sanctions internationales alors que Téhéran s’activait dangereusement à conquérir ou à consolider des terrains d’influence, comme l’Irak déjà acquis à sa cause, la Syrie sous son entière influence, le Liban et le Yémen instrumentalisés par Hezbolllah et Houthis interposés.
Ces pays du Golfe ont des raisons objectives de s’inquiéter. La grande hésitation d’Obama sur la Syrie a été le déclencheur de l’alarme. Ils ont découvert à cette occasion que cette prudence à l’égard de Bachar al Assad, dont n’a bénéficié aucun autre chef d’Etat arabe pris dans le tourbillon du printemps arabe, n’était pas plus un choix délibéré qu’une des principales exigences de la grande et longtemps secrète négociation avec les Iraniens. Ces pays du Golfe ont subitement découvert qu’Obama est davantage préoccupé à laisser une trace dans sa propre histoire en étant celui qui a neutralisé les velléités nucléaire iraniennes. D’où cette décision de montrer leurs mauvaise humeurs et un semblant d’indépendance dans leurs décisions militaires et politiques.